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L’après-COVID : Ce qu’il faut savoir sur l’effet de la fraude

L’après-COVID : Ce qu’il faut savoir sur l’effet de la fraude

Résumé
4 minutes de lecture

Pendant que les différents secteurs de l’économie se préparent à un retour à la normale après la pandémie, on constate que les politiques de confinement et l’interruption des activités commerciales pour contrer la propagation du virus n’ont pas fini de transformer les entreprises partout sur la planète.

Pendant que les différents secteurs de l’économie se préparent à un retour à la normale après la pandémie, on constate que les politiques de confinement et l’interruption des activités commerciales pour contrer la propagation du virus n’ont pas fini de transformer les entreprises partout sur la planète.

Comment les organisations peuvent-elles être proactives dans leur préparation à l’après-COVID qui est pour bientôt? Plus particulièrement, que doivent-elles faire pour se protéger contre la fraude et l’escroquerie?

Comme ce fut le cas lors d’autres crises internationales, que ce soit la récession de 2008, les Guerres mondiales ou la Grande Dépression, les modèles d’affaires se métamorphosent; ils génèrent de nouvelles possibilités, mais en font disparaître d’autres. Les fraudeurs ne manquent jamais d’idées pour arriver à leurs fins. C’est pourquoi les dirigeants d’entreprises doivent se poser les questions suivantes :

  • Avons-nous été touchés, mon entreprise ou moi-même, par la fraude pendant la pandémie? Le cas échéant, y aura-t-il des conséquences à court ou à long terme?
  • Sommes-nous exposés, mon entreprise ou moi-même, à un risque de fraude plus élevé dans l’après-COVID? Si oui, à quels égards et pour quelles raisons?
  • Comment pouvons-nous savoir que nous sommes à risque?
  • Comment réagissons-nous face à ces signaux d’alarme?

Un bon temps pour les fraudeurs

Les arnaques pullulent : stratagèmes internes, courriels frauduleux, stratégies d’hameçonnage, etc. La prolifération de la fraude s’explique de multiples façons. En effet, la transformation des modèles économiques, de la logistique et des méthodes de travail qu’on observe actuellement dans l’ensemble des secteurs ont causé des bouleversements majeurs, tant pour les entreprises que pour les particuliers. Voilà les conditions parfaites pour commettre une fraude financière, aujourd’hui et demain.

Il est généralement admis que trois facteurs interreliés entrent en jeu lorsqu’un employé commet une fraude à l’interne : la motivation, la possibilité d’agir et la capacité de rationaliser les comportements frauduleux.

Pression financière – Nombreux sont les pays qui ont mis en place des programmes pour stimuler l’économie et aider les organisations et les particuliers pendant la pandémie. Même si elles sont de l’ordre de milliards de dollars, ces subventions ne suffisent pas à prévenir les répercussions financières immenses causées par une économie au point mort.

Certaines dépenses ne disparaissent pas pendant le confinement. Les baisses de revenus ont causé des problèmes de liquidités, même que certains ménages sont à sec. On s’attend à une réduction de la consommation, sinon à des changements dans les comportements d’achat au lendemain de la COVID.

Par ailleurs, il faudra bien éponger la note des programmes gouvernementaux, ce qui se traduira sans doute par une augmentation des impôts. Tous ces facteurs exerceront une pression financière importante sur les organisations et les particuliers, qui doivent garder la tête hors de l’eau. Ce faisant, on ouvre la porte à la fraude.

Dans son dernier Report to the Nation, l’Association of Certified Fraud Examiners (ACFE) souligne que les cas de fraude étaient motivés par des difficultés financières le quart du temps et par des problèmes matrimoniaux ou un divorce dans 12 % des cas. Voilà autant de signaux d’alarme qui témoignent de l’importance pour les organisations de tenir à l’œil les comportements et les facteurs humains dans l’après-COVID.

Rationalisation – L’obligation de survie vient parfois teinter la prise de décisions. Un comportement jugé jusque-là absolument inacceptable pourrait être reconsidéré par certaines personnes. Pour se protéger contre la fraude dans ce nouveau contexte, il faut savoir réagir devant des situations indésirables et inattendues susceptibles de menacer sa survie financière et de mettre en place des mesures de détection. Face à la crise actuelle, des motifs qui semblaient irrationnels autrefois pourraient désormais apparaître raisonnables.

Possibilité d’agir – Avant la pandémie, la plupart des entreprises et des établissements prenaient les risques de fraude et de corruption au sérieux. Cependant, il est à prévoir que les perturbations causées par la COVID-19 entraîneront un remaniement des priorités afin de s’adapter aux nouveaux environnements de travail.

Après des mois de fermeture partielle ou complète, les organisations voudront se concentrer notamment sur ce qui suit :

  • la reprise de leurs activités;
  • le maintien de leurs liquidités;
  • l’élaboration de stratégies, le marketing et le développement des affaires;
  • l’adaptation des modèles commerciaux;
  • la recherche de nouvelles occasions générées par tous ces changements.

Au même moment, l’attention portée aux contrôles internes et aux programmes de prévention de la fraude est moindre, ce qui accroît le risque qu’une arnaque soit commise. Un tel relâchement pourrait causer des brèches dans plusieurs secteurs de risque; les gens baissent la garde et se consacrent moins à la lutte contre la fraude, ouvrant encore plus la porte aux malfaiteurs.

Nouvelles menaces

Les conseils d’administration, les propriétaires d’entreprises et les cadres ont dû se consacrer à la gestion des répercussions de la pandémie. Les licenciements, qu’ils soient temporaires ou permanents, ont ajouté un poids sur la main-d’œuvre encore en place. La gestion du risque de fraude et les contrôles de prévention n’y échappent pas.

La refonte des activités dans l’après-COVID devra tenir compte de chaque faille potentielle, les risques internes que l’on peut contrôler tout comme les menaces extérieures.

Même si personne n’est à l’abri, les petites et moyennes entreprises (PME) seront d’importantes cibles.

Comme elles sont plus petites et disposent de ressources plus limitées, les PME pourraient avoir du mal à se sortir de la crise. Pendant qu’elles cherchent à retrouver la stabilité, elles doivent s’attendre à ce que les fraudeurs profitent de la confusion et des distractions.

Emprunts et prêts hypothécaires – Dans un effort visant à redresser leurs finances, les organisations pourraient envisager l’obtention d’un emprunt ou d’un prêt hypothécaire, parfois en contournant le canal traditionnel des institutions financières. Pour éviter de tomber dans le piège des fraudeurs, elles ont tout intérêt à faire leur devoir de diligence : s’informer sur la réputation du prêteur et passer le contrat en revue avec l’aide d’un conseiller juridique avant de s’engager.

Programmes d’urgence gouvernementaux – Les subventions et les programmes mis en place par les gouvernements évoluent rapidement et s’accompagnent souvent de demandes complexes. Méfiez-vous des fraudeurs qui vous offrent leur aide. Moyennant des honoraires exorbitants, ils se font passer pour des experts et en profitent pour détourner des fonds et voler des renseignements confidentiels sous prétexte de remplir votre demande. Vérifiez la qualification des « experts » auprès de l’association professionnelle compétente ou communiquez avec un conseiller de confiance avant d’entreprendre le processus.

Accroissement des risques causés par un tiers – L’avènement de nouvelles exigences réglementaires et restrictions de santé publique risquent de poser des difficultés supplémentaires pour les fournisseurs externes. Ce faisant, les organisations devront revoir régulièrement les contrats qu’elles ont conclus, même si elles sont pressées par le temps, et s’assurer que les contrôles ont été respectés, notamment en matière de signature.

Nouveaux angles morts : Télétravail et numérisation – Même si la transition était déjà en chemin, la COVID-19 a eu pour effet d’accélérer le passage au numérique pour bien des organisations. Le personnel qui, jadis, se rendait au bureau tous les jours pourrait maintenant faire du télétravail à temps partiel. Ce changement d’habitude oblige les organisations à repenser les contrôles internes et la séparation des tâches, en tenant compte de ce nouveau cadre de travail et en tâchant d’éviter les angles morts.

Certains contrôles internes pourraient avoir été perdus ou remis à plus tard pendant la transition. Il faudra donc s’accorder du temps pour revoir l’état des contrôles, à savoir vérifier si les employés qui en sont responsables ont été licenciés et si leurs postes n’ont pas été abolis ou combinés.

Les signatures électroniques étant de plus en plus courantes, les entreprises devront réfléchir à la manière de les utiliser, mais aussi statuer sur les personnes qui y auront accès et sur la documentation des approbations requises. Les contrôles bancaires et financiers joueront également un rôle crucial, car la tendance du « zéro papier » retire un point de contrôle dans l’examen des comptes. C’est sans oublier la séparation des tâches – les personnes ayant accès aux comptes et celles qui les passent en revue – qui demeure une mesure incontournable dans la prévention de la fraude.

Y a-t-il anguille sous roche? Le pump and dump – Dans les prochains mois, les fabricants se serviront de la pandémie pour lancer de nouveaux produits (pensons à des remèdes ou à du matériel pour le nettoyage ou la protection), dont la commercialisation pourrait passer par des campagnes publicitaires sensationnalistes où l’on vous vantera tous les bienfaits de ces produits, fondés sur de (fausses) recherches. Certaines personnes ou organisations seront peut-être tentées d’investir dans ces entreprises en apparence prometteuses, mais dont la plupart sont des coquilles vides conçues pour gonfler le cours de l’action et revendre les titres à profit sans que leur valeur soit légitime. Faites vos devoirs de diligence : avant de prendre une décision de placement, tournez-vous vers un conseiller réputé et vérifiez si le négociateur est inscrit auprès des autorités en valeurs mobilières provinciales et nationale. 

Quelques trucs pour dissuader les fraudeurs

Voici quelques leçons que les particuliers et les entreprises gagneraient à mettre en pratique pour se protéger en cette période de transition :

  1. Envisager d’entreprendre une évaluation du risque de fraude pour repérer les points les plus vulnérables.
  2. Établir le dialogue avec son personnel et le sensibiliser à la fraude.
  3. Assurer un suivi des indices et des signaux d’alarme de nature comportementale au sein de ses effectifs.
  4. Offrir de la formation en prévention de la fraude à ses directeurs et à ses employés, idéalement donnée par des experts en la matière ou des juricomptables.
  5. Passer en revue ses procédures et la séparation des tâches.
  6. Avant de mettre en place de nouvelles méthodes, réfléchir aux risques qu’elles pourraient engendrer.
  7. S’assurer du bon fonctionnement de sa ligne de dénonciation.
  8. Exercer son esprit critique et faire ses devoirs de diligence raisonnable avant de signer de nouveaux contrats avec des tiers.

Pour en savoir plus sur les façons de protéger votre organisation contre la fraude, communiquez avec :

Corey Anne Bloom, CPA, CA, CA•EJC, CFF, CFE, membre émérite de l’ACFE
Leader pour l’Est du Canada, Juricomptabilité et soutien en cas de litige
514.228.7863 / 647.775.1772
[email protected]

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