photo floue d'un bureau bien éclairé

Portrait de Jo-Ann Lempert, associée, Certification et comptabilité

 

Faites connaissance avec Jo-Ann Lempert, FCPA, FCA, IAS.A, associée, Certification et comptabilité, et leader du créneau Immobilier et construction de MNP à Montréal. Après avoir passé des années à explorer le monde de la comptabilité, Jo-Ann occupe aujourd’hui un rôle qui lui offre exactement ce qu’elle recherchait. Découvrez ce qu’elle aime de son travail et ses réflexions sur le marché de l’immobilier et de la construction en temps de pandémie.

Vous êtes passionnée par la comptabilité. Pour quelles raisons?

C’est une question à laquelle j’ai longtemps réfléchi : j’ai un esprit analytique très développé. La comptabilité n’était pas mon premier choix de carrière. Elle ne faisait même pas partie de mes options. Je suis une personne plutôt créative. Avec le recul, je pense que la comptabilité était parfaite pour moi. Il y a tellement de raisons qui expliquent ma passion pour ce domaine.

La comptabilité est comme la langue universelle des mathématiques. Les théories s’appliquent dans tous les pays, tous les secteurs et toutes les entreprises. Où que vous soyez, elle a son utilité.

Il s’agit aussi d’un domaine très vaste. Il existe différents types de comptables et cette diversité me plait. Dans mon cas, il m’a fallu plusieurs années pour réaliser ce que je voulais faire. Au cours des 8 à 10 premières années de ma carrière, je n’étais pas heureuse. J’y suis restée parce que j’y avais investi tellement de temps. J’aurais pu chercher ailleurs, mais j’espérais avoir mieux en comptabilité – et j’ai trouvé!

Ce que j’aime vraiment, c’est de plonger dans les détails techniques et de les vulgariser pour les clients. Le défi dans mon travail est de transposer des règles comptables souvent strictes et rigides en termes qu’un propriétaire d’entreprise peut comprendre.

Je peux donc exprimer mon côté créatif pour aider les gens à déchiffrer ces règles complexes et leur incidence. Puis, je dois leur proposer des solutions qui répondent à leurs besoins, tout en respectant l’intégrité des règles.

À Montréal, vous travaillez avec plusieurs entreprises dans le secteur de l’immobilier et de la construction. Quelle incidence la pandémie a-t-elle eue sur elles? Vers quoi doivent être dirigés leurs efforts en ce moment?

Certaines branches de l’immobilier se portent bien, mais d’autres sont en difficulté.

La pandémie a touché l’immobilier de différentes façons. D’un côté, les commerces de détail connaissaient déjà des ennuis avant l’arrivée de la pandémie. Ils sont nombreux à avoir dû fermer boutique. C’est très dommage, car plusieurs d’entre eux étaient en voie de se restructurer et de créer de nouvelles stratégies. Maintenant, les entreprises qui possèdent des immeubles de commerces de détail se retrouvent avec des locaux vides, surtout celles qui louent des espaces à des restaurants ou à des magasins de plus petite taille. Les centres commerciaux linéaires sont nombreux à se retrouver avec des locaux à louer, ce qui n’est pas sans poser des problèmes.

L’immobilier commercial est un autre secteur éprouvé par la pandémie. Chaque centre-ville, ce qui n’est pas unique à celui de Montréal, voit des entreprises tenter de renégocier leurs baux et autres contrats connexes. La question se pose maintenant : ces espaces seront-ils vraiment utiles? De nombreuses organisations se sont très bien adaptées au télétravail. Voilà donc la question qui plane au-dessus du marché de l’immobilier commercial.

D’un autre côté, l’immobilier industriel est en plein essor. Les sociétés comme Amazon ont besoin de plus en plus d’espace pour suivre la croissance de leur chiffre d’affaires.

Puis, il y a les immeubles commerciaux à usage mixte dont la situation varie selon les entreprises qui louent ces espaces.

Les réactions sont ambivalentes du côté des marchés résidentiels et du logement. Beaucoup de personnes quittent leur appartement pour s’installer dans une maison. Néanmoins, selon des analystes du marché, la hausse du chômage en forcera d’autres à conserver leur logement.

Comment les entreprises du secteur de l’immobilier et de la construction adaptent-elles leurs plans à long terme?

Différents secteurs ont différentes priorités. Le phénomène que nous vivons actuellement ouvre la voie aux idées novatrices. Les secteurs doivent réfléchir à l’utilisation de leurs espaces et à la façon de les commercialiser. D’autres songeront au redéveloppement. Les locaux qui ne servent qu’au commerce au détail peuvent être réaménagés pour y accueillir des espaces de bureaux, d’entreposage ou un amalgame d’unités résidentielles et commerciales.

Chaque propriétaire d’entreprise devra réfléchir à l’utilisation de l’espace qu’il possède. Certaines entreprises se montreront créatives et sauront vaincre cette crise.

Vous travaillez également avec plusieurs sociétés ouvertes. Comment composent-elles avec l’obligation de fournir des informations sur les répercussions de la pandémie?

Avant l’arrivée de la COVID-19, certaines organisations étaient plus transparentes que d’autres. Elles le sont encore aujourd’hui.

D’autres se montrent plus prudentes à l’égard des informations qu’elles publient et croient qu’il vaut mieux en dire moins. Les conséquences de la pandémie sont difficiles à prédire et à gérer. Faire une déclaration pour rassurer les investisseurs de sa performance dans un contexte imprévisible est très risqué. En ce moment, trop de facteurs entrent en ligne de compte.

Aux mois de mars, avril et mai, les informations publiées étaient toutes assez similaires. Chaque entreprise faisait mention de la COVID-19 et affirmait être « dans l’impossibilité de prédire ce qui se passera. L’entreprise poursuit ses activités. D’autres nouvelles à venir. »

À partir de juin, les entreprises ont commencé à saisir l’ampleur des contrecoups. Elles pouvaient déterminer si elles ou leurs locataires étaient admissibles à l’aide financière du gouvernement et avaient une meilleure idée des conséquences de la pandémie. Elles ont commencé à divulguer le taux prévu de recouvrement de loyers et le taux de recouvrement réel.

Maintenant, on commence à vraiment constater les effets d’une pandémie qui durera plus longtemps que prévu. Le mois de décembre sera déterminant, puisque nous entrons dans une période qui s’étire au-delà de ce qui était attendu. Les entreprises devront prendre de nouvelles mesures. Nous sortons de la période d’attente pour entrer dans une phase où les organisations doivent élaborer des plans pour l’avenir.