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Les grands enjeux de l’industrie pharmaceutique

Les grands enjeux de l’industrie pharmaceutique

Résumé
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La Dre Ariane Babin E.E.E., associée au sein de la division des Services d’évaluation du bureau MNP au Québec, effectue un survol des principaux enjeux auxquels fait face l’industrie pharmaceutique et pouvant affecter les pharmaciens propriétaires.

Opérer une pharmacie en tant que pharmacien propriétaire représente son lot de défis. Qui plus est, de nouveaux éléments sont venus changer la donne et rendre certains enjeux encore plus critiques. Tour d’horizon de ceux qui pourraient vous affecter.

Élargissement du champ d’exercice

Au cours des dernières années, plusieurs provinces ont apporté des changements à leur législation afin d’étendre le champ de pratique des pharmaciens. Le but visé : donner une bouffée d’oxygène au système de santé et alléger la charge d’autres professionnels de la santé.

À titre d’exemple au Québec, le projet de loi 31 adoptée en janvier 2021 a permis aux pharmaciens d’ajouter six actes à leur champ d’exercice, dont l’ajustement d’ordonnance ou la substitution d’un médicament.

Si l’intégration de ces nouvelles pratiques permet de mieux servir les patients et de désengorger le système de santé, elles génèrent aussi divers défis pour les pharmaciens propriétaires. Tout d’abord, l’équipe doit être adéquatement formée, ce qui entraîne des coûts. Pour les pharmaciens habitués à travailler depuis longtemps selon le modèle plus traditionnel, cela requiert aussi une adaptation et de nouveaux apprentissages. Pour ces derniers, il n’est pas toujours évident de répondre aux exigences supplémentaires en termes d’espace, par exemple avec l’ajout de salles de consultation privée.

Pénurie de main-d’œuvre

Comme la plupart des autres secteurs, l’industrie pharmaceutique fait face à un problème de pénurie de main-d’œuvre. Actuellement, il est difficile de pourvoir les postes disponibles de techniciens en pharmacie et de pharmaciens à travers le pays.

Cet enjeu est important, car il affecte directement les ressources qui pourraient être attribuées à l’intégration des nouveaux champs d’exercice pour les pharmaciens. Qui plus est, pour répondre aux besoins, il n’est pas rare que les pharmaciens doivent recourir à des techniciens et des pharmaciens remplaçants, lesquels ont une rémunération au-delà du taux du marché et représentent des coûts exorbitants.

Changements législatifs

L’industrie pharmaceutique constitue un domaine très sensible aux changements législatifs. Or, au cours dernières années, la plupart des provinces ont apporté des modifications à leur législation, ce qui a eu un impact sur les revenus ou la rentabilité des pharmacies. Le calcul des BAIIA par exemple, a pu en être affecté.

Et puisqu’il est possible que d’autres changements aient lieu dans le futur sans que l’on puisse prévoir ni leur contenu ni le moment où ils interviendront, cela constitue un risque supplémentaire en soi. D’ores et déjà, on sait qu’en 2023 prendra fin l’entente prise par l’Alliance pancanadienne pharmaceutique sur le prix des médicaments génériques, une fin dont les retombées sont encore inconnues.

D’autres éléments affectant les marges bénéficiaires

Dans le secteur pharmaceutique, les marges bénéficiaires sont souvent le meilleur indicateur de la santé financière de l’entreprise. Plusieurs facteurs vont influencer celles-ci. Par exemple, les pharmacies sont rémunérées notamment en fonction du nombre de prescriptions traitées. Le montant reçu par prescription dépend du statut du patient : une pharmacie avec de nombreux clients ayant une assurance privée aura la plupart du temps des marges brutes plus élevées, alors que celle qui a un nombre plus élevé de clients prestataires de la sécurité du revenu aura généralement des marges brutes inférieures.

Un autre élément impactant le volume de vente et la rentabilité sont les médicaments spécialisés. Les pharmacies qui ont développé une clientèle particulière ayant besoin de médicaments spécialisés à haut volume sont actuellement pénalisées par le modèle de rémunération. Le pharmacien devra éduquer le client afin de s’assurer que ce dernier respecte la posologie et le fonctionnement du médicament adéquatement. Pourtant, le même montant sera accordé pour traiter la prescription que tout autre médicament de base. Les marges brutes de ces pharmacies sont donc souvent inférieures.

De plus, le volume des ventes peut être très variable, sans pour autant affecter la rentabilité. Prenons l’exemple des médicaments génériques comparativement aux médicaments originaux.

Lorsque le brevet d’un médicament original très populaire dans une pharmacie vient à échéance, les ventes diminueront considérablement lorsque le générique sera disponible. En revanche, la rémunération accordée à la pharmacie pour traiter la prescription, elle, demeurera inchangée. Le résultat ne se traduira pas par une baisse des bénéfices, mais plutôt par une baisse des revenus.

Enjeux à surveiller

Certains facteurs laissent planer de l’incertitude pour 2023. Ainsi, s’il venait à se concrétiser, un régime national d’assurance-médicaments pourrait avoir un effet à la baisse sur les prix et réduire les marges bénéficiaires. Les répercussions seraient toutefois différentes à travers le Canada, puisque l’impact serait conditionnel à la situation qui prévaut dans chacune des provinces.

Autre source de préoccupation : l’émergence des pharmacies virtuelles. L’explosion du recours à la télésanté avec la pandémie, l’arrivée relativement récente de véritables pharmacies virtuelles sur le marché canadien et le déploiement en 2020 d’Amazon Pharmacy chez nos voisins du Sud, font en sorte qu’il faudra surveiller de près l’évolution de ce phénomène au pays. De quelle façon cela pourrait-il affecter l’exploitation d’une pharmacie et de son évaluation? Est-ce que la pression populaire poussera le gouvernement à revoir la législation pour mieux encadrer le commerce pharmaceutique en ligne? Ces questions sont encore sans réponse, mais devront assurément être posées dans le futur.

Notons enfin la croissance exponentielle des services de livraison à domicile dans tous les champs d’activités. Les pharmacies n’auront d’autre choix que de s’adapter, ce qui engendrera des frais supplémentaires et de nécessaires ajustements du BAIIA. Reste à savoir si la livraison à domicile constitue un réel avantage stratégique ou une dépense supplémentaire dont la rentabilité restera à démontrer. Affaire à suivre…

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Pour en savoir plus, veuillez contacter Ariane Babin, EEE, MBA, DMD.

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