Suivre l’évolution… ou se retrouver sans protection
Tel est le paradoxe de la cybersécurité : on n’est jamais aussi vulnérable que lorsqu’on croit avoir enfin tout prévu. Si la cybersécurité est un objet de préoccupation constante, la tranquillité d’esprit, elle, demeure un but insaisissable. Car ce qui semblait sûr hier pourrait ne plus l’être aujourd’hui. De fait, les meilleures pratiques actuelles seront cruellement insuffisantes pour faire face aux menaces liées à l’IA qui se profilent à l’horizon.
La vérité, c’est que les cybercriminels ne s’attaquent plus seulement aux données : ils s’en prennent à la confiance même.
Imaginez-vous participer à une réunion virtuelle… pour découvrir ensuite que votre vis-à-vis n’était pas une personne réelle, mais une contrefaçon issue de l’hypertrucage. Comment savoir à qui – ou à quoi – on peut encore faire confiance? Telle est la question dérangeante que les fraudes propulsées par l’IA nous obligent à nous poser.
Qu’il s’agisse d’attaques par rançongiciel qui paralysent vos activités ou de tentatives d’hameçonnage capables de déjouer les filtres classiques, les cybermenaces n’ont jamais été aussi sophistiquées. Nous entrons dans une nouvelle ère : celle de la cybersécurité 2.0, un monde où la vigilance constante, la défense en amont et la détection avancée des menaces sont plus cruciales que jamais.
Évolution alarmante des cybermenaces
Ce que révèlent les chiffres est loin d’être rassurant :
- Selon le Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CST), le programme cybernétique financé par la Chine représente la menace la plus sophistiquée et la plus active visant le Canada, et plus particulièrement les entreprises, les institutions publiques et les infrastructures essentielles.
- Selon la vérificatrice générale du Canada, les ménages canadiens ont essuyé plus de 500 millions de dollars de pertes en un an aux mains de cyberfraudeurs – pourtant, seulement 10 % des cybercrimes seraient signalés d’après les estimations des forces de l’ordre.
- Une étude menée par CDW Canada révèle que les cyberattaques sont moins nombreuses, mais de plus en plus efficaces. Selon les données, 43 % des entreprises considèrent la cybersécurité comme une priorité absolue et y consacrent de 5 % à 15 % de leur budget informatique.
- La même étude révèle que 82 % des entreprises disposent désormais d’une cyberassurance, contre 59 % en 2021.
- Le budget fédéral 2024 a alloué 917,4 millions de dollars sur cinq ans au renforcement des cyberopérations et des capacités de renseignement, ainsi qu’à l’établissement d’un Commandement Cyber au sein des Forces armées canadiennes afin de contrer les menaces croissantes.
Risques à surveiller
Évolution des rançongiciels : les cybercriminels recourent à des méthodes sophistiquées de chiffrement et d’extorsion pour cibler des infrastructures essentielles et gonfler le montant des rançons exigées.
Attaques visant la chaîne d’approvisionnement : les cybercriminels exploitent les failles des fournisseurs externes ou des sous-traitants pour infiltrer les systèmes interconnectés.
Cybercriminalité alimentée par l’IA : les pirates informatiques se servent de l’IA pour automatiser les attaques, créer des hypertrucages et concevoir des campagnes d’hameçonnage évoluées, qui sont plus difficiles à détecter.
Vulnérabilités de l’Internet des objets : les appareils connectés sont omniprésents, mais leur faible niveau de sécurité en fait des cibles de choix pour les cybercriminels à la recherche de failles faciles à exploiter.
Menaces internes : les actes malveillants ou involontaires commis à l’interne demeurent une source de préoccupation majeure, surtout dans un contexte de télétravail et de surveillance limitée.
Risques liés à l’infonuagique : la configuration inadéquate des environnements infonuagiques, notamment dans le contexte de la sécurité en nuage multiservice (ou sécurité multinuage), peut exposer les organisations à des fuites de données ou à des accès non autorisés.
Attaques contre les infrastructures essentielles : les cyberattaques visant les réseaux de distribution d’électricité, les systèmes de santé et les institutions financières peuvent entraîner des perturbations majeures à grande échelle.
Attaques du jour zéro : les pirates exploitent les failles sans correctif des logiciels grand public avant que les fournisseurs n’aient le temps d’y remédier.
Atteintes à la confidentialité des données : l’exfiltration de données personnelles ou organisationnelles dans le but de les revendre ou de faire pression demeure l’un des risques les plus répandus et les plus dommageables.
Menaces liées à l’informatique quantique : les percées dans ce domaine pourraient un jour rendre les systèmes de chiffrement traditionnels complètement obsolètes.
Stratégies d’atténuation des risques
- Adopter une approche de cybersécurité fondée sur la vérification systématique
- Mettre en place des solutions avancées de détection des menaces
- Rendre l’authentification multifacteur (MFA) obligatoire
- Investir dans la formation continue du personnel
- Appliquer régulièrement les correctifs et mises à jour de sécurité
- Renforcer la gestion des risques liés aux fournisseurs externes
- Définir un plan d’intervention en cas de cyberincident
- Chiffrer les données et effectuer des sauvegardes régulières
- Se préparer à l’arrivée de la cryptographie post-quantique
Questions à se poser
- Votre organisation évalue-t-elle le niveau de confidentialité de chaque réunion? Appliquez-vous des mesures de sécurité accrues pour les rencontres à haut risque, comme le fait de vérifier l’identité des participants et participantes avant une visioconférence?
- Exigez-vous que les membres de votre équipe signalent au service des TI tout incident – professionnel ou privé – susceptible d’impliquer une usurpation d’identité ou une fuite de données personnelles?
- À quelle fréquence votre service des TI organise-t-il des séances de réflexion sur les nouveaux scénarios d’attaque possibles? Comment prévoit-il de renforcer les contrôles face à l’évolution des techniques utilisées par les cybercriminels?
- Votre organisation échange-t-elle ouvertement avec ses homologues du secteur pour rester au fait des nouvelles tactiques utilisées par les cybercriminels et s’accorder le temps nécessaire pour réagir?