Qui est Simon Gaudreau?

Dites-nous ce qui vous a incité à devenir juricomptable?

La juricomptabilité, c’est comme un travail de détective. On fait parler les chiffres pour essayer de comprendre le problème ou l’enjeu, ou, dans le cas d’une fraude, comment les fraudeurs s’y sont pris. J’ai toujours été fasciné par les enquêtes, j’ai lu beaucoup de romans policiers et lorsque j’étais jeune, mes parents disaient de moi que j’étais une vraie fouine parce que je posais toujours beaucoup de questions!

La juricomptabilité me passionne, car elle permet d’allier le monde des affaires, le droit, la psychologie et l’enquête, et lorsque j’ai découvert ce domaine durant mes études universitaires, j’ai littéralement plongé dedans.

Qu’aimez-vous tout particulièrement dans votre travail?

C’est un métier dans lequel il n’y a pas de routine, chaque mandat est différent et on ne sait jamais à l’avance ce qu’il va se passer. Car il y a le côté chiffre, mais aussi le côté humain. En ce sens, on fait des entrevues avec non seulement nos clients, mais également toutes les personnes-clés susceptibles de nous aider à identifier le problème. Il y a donc un aspect psychologique important, il faut savoir poser les bonnes questions. Parce que les fraudeurs font souvent appel à de nouvelles méthodes pour arriver à leurs fins, on doit aussi faire preuve de créativité pour tâcher de comprendre leur modus operandi. Cela dit, il faut suivre les bonnes pistes et trouver les bonnes informations.

Y a-t-il des aspects de votre métier qui sont particulièrement gratifiants?

Tous les mandats sont valorisants, qu’ils soient de petite ou de grande envergure, car ce qui compte est d’aider le client qui vient nous consulter à y voir plus clair et à améliorer sa situation.

Lorsqu’un client a recours à nos services, il est dans l’obscurité. Il sent que quelque chose ne tourne pas rond dans son entreprise, qu’il perd de l’argent ou que son entreprise ne performe pas au niveau escompté, mais il ne sait pas ce qui se passe exactement. Pour tirer ça au clair, nous faisons le tri dans les informations, nous mettons sur pied une méthodologie, nous menons des entretiens et recueillons des renseignements, pour au bout du compte, tâcher d’identifier le problème ou comment le fraudeur a procédé.

Existe-t-il un profil type de fraudeur?

Il est difficile de tracer le portrait-robot d’un fraudeur, car il n’existe pas de profil homogène. C’est d’ailleurs ce que le juricomptable doit garder en tête lorsqu’il mène son travail d’enquête. Cela peut aussi bien être un homme qu’une femme, un haut dirigeant, un gestionnaire, un fournisseur ou même un employé. J’ai déjà eu un dossier où le fraudeur était une adjointe administrative qui travaillait pour la compagnie depuis 15 ans, et à qui tout le monde faisait confiance!

Le trait le plus caractéristique est le fait d’avoir accès à certaines informations et opportunités, mais aussi d’avoir la motivation. Celle-ci peut être d’ordre personnel, parce qu’on veut maintenir un train de vie, ou qu’on éprouve des difficultés financières à la suite d’un changement important dans notre vie, un divorce, etc. Il y a aussi des motivations professionnelles, par exemple parce qu’on veut atteindre certains résultats de vente pour décrocher un bonus. On voit aussi de la fraude d’états financiers pour laisser croire que l’entreprise est dans une meilleure situation qu’elle ne l’est réellement. Cela peut partir d’une bonne intention, notamment si le fraudeur est un haut dirigeant qui cherche à maintenir des emplois. Mais cela reste malgré tout de la fraude.

Pour détecter un fraudeur potentiel, il y a certains signaux d’alarme auxquels on doit rester attentif, bien qu’il en existe de nombreux autres : une personne qui vit clairement au-dessus de ses moyens (nouvelle auto, voyages, etc.), un employé qui est très protecteur de son travail et qui ne prend jamais de congé et donne les informations au compte-gouttes… Tout est possible, il faut se rappeler que la fraude ne dort jamais!

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