L’instabilité économique peut être une importante source de stress pour les entreprises canadiennes. Si certaines y voient une occasion de s’adapter et d’en sortir plus fortes, d’autres auront du mal à surmonter les lacunes qu’elle révèle et qui auraient pu être gérées en amont, dans un contexte plus favorable. Ces dernières verront alors leur situation financière décliner… à plus forte raison si leurs propriétaires tardent à agir.
Toutefois, l’insolvabilité n’est pas synonyme de manque d’efforts. Une entreprise qui se retrouve dans une telle situation doit développer sa capacité à s’adapter rapidement aux changements qui l’affectent. Et dans une économie postpandémique caractérisée par des taux d’intérêt élevés, cette aptitude est mise à l’épreuve au quotidien.
Quand la pression financière s’accentue
La compression des liquidités est l’un des premiers signes qui devraient vous alarmer. Si votre entreprise cumule d’importantes dettes, la flambée des coûts et le ralentissement des ventes peuvent rapidement générer un déficit. Plusieurs entreprises ayant résisté aux contrecoups immédiats de la pandémie se sont en effet retrouvées dans une impasse quelques années plus tard.
Même celles qui étaient en bonne posture ont maintenant de la difficulté à s’acquitter de leurs obligations régulières, qu’il s’agisse de rembourser leurs prêts ou de payer leur personnel ou leurs fournisseurs. À cette pression s’ajoutent un ralentissement des dépenses des consommateurs, des tensions commerciales grandissantes et une impression générale de fragilité économique à l’échelle mondiale.
De nombreuses entreprises sont encore secouées par les effets de la pandémie. Certaines ont misé sur le soutien du gouvernement ou des prêts à court terme pour garder la tête hors de l’eau, reportant ainsi la prise de décisions difficiles dans l’espoir de voir les choses rentrer dans l’ordre. Mais l’économie est de nouveau chamboulée, et les changements observés ne jouent pas en leur faveur.
Attente prolongée : quels risques?
L’une des erreurs les plus fréquentes et coûteuses que de nombreuses entreprises font en période d’instabilité, c’est d’attendre. Leurs propriétaires s’en remettent souvent à leur bonne étoile, tenant pour acquis que les affaires iront mieux le mois prochain. Mais pendant ce temps, les pertes s’accumulent, les dettes s’accroissent… et les options s’effritent.
Reporter la prise d’importantes décisions, comme l’ajustement du modèle d’affaires, la réduction des coûts d’exploitation et l’exploration de nouveaux marchés, par exemple, peut éroder ce qu’il vous reste de capitaux propres. Même les entreprises qui disposent de solides assises financières peuvent être entraînées sur une pente descendante simplement parce que leurs dirigeants ont été trop passifs.
Rares sont ceux qui veulent envisager une restructuration avant que cette décision ne leur soit imposée. Mais une attitude proactive ne fait pas que limiter les dommages; elle permet également d’entrevoir de nouvelles avenues et de mettre en place des solutions raisonnées.
Marges restreintes, flux de trésorerie déterminant
Auparavant, les entreprises pouvaient cumuler quelques trimestres moins rentables sans trop s’inquiéter, mais aujourd’hui, elles n’ont plus ce luxe. Dans un contexte où presque tous les secteurs doivent composer avec des marges restreintes, le flux de trésorerie devient un élément déterminant.
Les petites et moyennes entreprises sont particulièrement vulnérables à ces enjeux. En effet, plusieurs d’entre elles ne disposent pas des ressources financières ou des capacités internes pour gérer des prévisions complexes. Si leurs responsables des finances ne restent pas à l’affût, les signaux d’alarme pourraient passer inaperçus… jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
En effet, même une légère perte de revenus — disons 5 % par mois — peut avoir une grande incidence sur les réserves de liquidités. Une entreprise qui paie fréquemment ses fournisseurs en retard, prolonge les délais de remboursement convenus avec ses prêteurs ou s’appuie sur un financement à taux d’intérêt élevé pour compenser ses pertes ne fait qu’aggraver le problème.
À ce point, garder un œil sur sa situation de trésorerie ne relève plus de la prudence, mais de la nécessité.
Comprendre les mécanismes du déclin financier
Les cycles font partie de la vie. C’est vrai pour les personnes, mais aussi pour les entreprises. Mais ces dernières ont l’avantage de pouvoir repartir à neuf… si elles s’y prennent assez tôt. Plus vite vous reconnaîtrez que la situation est intenable, meilleures seront vos chances de réaliser une restructuration fructueuse.
L’insolvabilité se manifeste rarement du jour au lendemain; elle survient souvent au terme d’un long processus anxiogène. Des objectifs de vente non atteints, de mauvais investissements ou un lancement de produit raté peuvent être rectifiés s’ils sont pris isolément. Mais si on ne s’y penche pas, ces problèmes peuvent s’aggraver au fil du temps.
C’est pourquoi il faut agir bien avant d’atteindre le point de non-retour. Même un simple plan biennal qui expose les défis à venir offre un avantage significatif, puisqu’il vous permet d’améliorer votre rendement stratégique, de restructurer vos dettes et de réorienter vos activités. En laissant les choses traîner, vous risquez de voir votre financement se tarir et vos relations avec vos créanciers se dégrader, ce qui pourrait ultimement vous contraindre à déclarer faillite.
Les signes à ne jamais ignorer
Certains indicateurs précoces ne trompent pas : ventes en chute libre, détérioration du fonds de roulement, recours de plus en plus fréquent au crédit commercial, etc. Si vous commencez à reporter le paiement de vos fournisseurs ou à retarder le remboursement de vos prêts, c’est souvent signe que vos liquidités s’effritent.
Par ailleurs, des dépassements de coûts, des investissements peu fructueux dans des technologies ou des équipements ou des difficultés à payer vos employés sont autant de signes qui devraient vous alarmer. Ces problèmes ne sont pas insurmontables, mais s’ils s’accumulent, vous devrez réévaluer votre situation financière dans les plus brefs délais.
Les petites entreprises sont nombreuses à ne pas voir ces drapeaux rouges. Certaines ne produisent pas de rapports financiers au moment opportun ou minimisent leurs mauvaises performances, en se disant que les choses vont s’améliorer, tandis que d’autres, soucieuses de leurs finances ou exagérément confiantes en leurs capacités, n’osent pas se tourner vers des spécialistes.
Pourtant, solliciter l’aide d’un expert en restructuration d’entreprises n’est pas un aveu d’échec : c’est une façon de reprendre le contrôle de la situation avant de se retrouver à court d’options.
Et si on voyait les choses autrement?
Des préjugés tenaces persistent sur l’insolvabilité, comme celui voulant qu’une telle démarche marque nécessairement la fin de vos activités. Mais dans la plupart des cas, il s’agit plutôt d’un tournant.
En sollicitant rapidement du soutien, vous pourrez restructurer vos dettes, négocier une nouvelle entente avec vos créanciers et même améliorer votre performance opérationnelle et la stabilité de votre entreprise. La Loi sur la faillite et l’insolvabilité et la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies peuvent vous renseigner sur les mécanismes officiels, en fonction de la taille et de la complexité de votre entreprise.
La première, qui énonce une procédure structurée et encadrée par les tribunaux pour proposer un plan de remboursement des créances, est généralement plus adaptée aux petites et moyennes entreprises. Les coûts qui y sont associés sont relativement modestes et elle est d’une durée limitée. Toutefois, il faut s’y conformer avec rigueur : si l’une des clauses n’est pas respectée, l’entreprise se retrouve automatiquement en faillite.
En revanche, la deuxième loi est conçue pour les entreprises de plus grande taille dont le passif atteint ou surpasse les 5 millions de dollars. Elle offre une plus grande flexibilité, mais est assortie de frais juridiques et professionnels plus élevés. Voilà pourquoi elle est mieux adaptée aux restructurations complexes qui impliquent de multiples parties prenantes ou soulèvent des enjeux liés à l’emplacement géographique ou à l’intérêt public, comme ce peut être le cas pour les grands détaillants nationaux.
Le choix du mécanisme approprié dépend de nombreux facteurs, dont la situation financière de votre entreprise, les exigences de vos créanciers et la volonté de changement des membres de la direction.
Faire face aux pressions croissantes
Certaines industries sont particulièrement vulnérables au risque d’insolvabilité. C’est le cas de celles du tourisme, de la vente au détail et de la logistique, qui sont plus touchées que les autres par la diminution des dépenses de consommation. Le secteur de la restauration est également soumis à une forte pression, surtout dans les centres urbains où le coût de la vie atteint des sommets.
Parallèlement, les entreprises de logistique et de transport, qui ont été nombreuses à se développer pendant la pandémie, doivent aujourd’hui composer avec des capacités de production excédentaires et une baisse de la demande. Dans le secteur immobilier, les promoteurs dont les bilans ne sont pas reluisants ont du mal à obtenir du financement ou à justifier de nouvelles constructions au vu de l’augmentation des coûts.
Les droits de douane ajoutent également de la pression, en particulier dans les secteurs de la foresterie, de la fabrication et de l’automobile. Ces perturbations commerciales obligent les entreprises à repenser leurs chaînes d’approvisionnement et à réévaluer leurs prix et leur viabilité à long terme, souvent à tâtons.
Les entreprises des secteurs les plus à risque doivent rester informées, se montrer flexibles et interpréter leurs chiffres de façon lucide.
S’adapter plutôt que faire l’autruche
Les entreprises qui arrivent à tirer leur épingle du jeu en période d’instabilité économique ne sont pas toujours les plus imposantes ou les mieux établies, mais celles qui demeurent ouvertes au changement. Lorsque la pression monte, il peut être rassurant de se raccrocher à des tactiques éprouvées, mais cette stratégie pourrait vite accentuer le risque auquel vous êtes exposé.
S’adapter ne veut pas dire abandonner sa vision, mais bien la remettre régulièrement en question. Si vous constatez qu’une gamme de produits, un plan ou une stratégie de marketing n’est plus adapté à votre réalité financière, la bonne chose à faire consiste à changer rapidement votre fusil d’épaule. Ce faisant, vous vous donnerez les moyens de faire croître votre entreprise malgré le contexte peu favorable, plutôt que vous limitez à seulement la maintenir en vie.
L’histoire nous a démontré que même les entreprises les plus réputées peuvent tomber de leur piédestal si elles refusent d’évoluer. Certaines d’entre elles qui étaient auparavant des chefs de file au sein de leur industrie ont résisté à la transformation numérique, boudé les nouvelles technologies ou ignoré les changements dans les habitudes de consommation. Ce ne sont pas les ressources qui leur ont fait défaut; c’est leur volonté de s’adapter.
Il peut sembler plus facile d’éviter le changement dans l’immédiat, mais à long terme, cette décision peut s’avérer lourde de conséquences.
Pour prendre un nouveau départ, il faut d’abord se poser les bonnes questions
Bien souvent, l’insolvabilité ne commence pas par le dépôt des documents au tribunal, mais par une question qui n’a pas été posée. Un retard de paiement par-ci, une baisse de la marge bénéficiaire par-là, un malaise diffus qu’on ressent en constatant que le budget ne s’équilibre pas… Si ces signes ne semblent pas toujours alarmants, ils sont souvent les premiers indicateurs de la nécessité de procéder à des ajustements.
Pourtant, de nombreux propriétaires d’entreprise tardent à demander de l’aide non pas par ignorance, mais par crainte d’être jugés. En effet, des préjugés tenaces subsistent à ce sujet, comme celui voulant que le fait de consulter un professionnel en insolvabilité est un aveu d’échec. Mais bien souvent, demander du soutien rapidement est justement ce qui vous permet d’éviter le pire.
Plus vite vous reconnaîtrez la précarité de votre situation financière, meilleures seront vos options. La plupart du temps, il ne sera même pas nécessaire de procéder à une restructuration officielle. Une évaluation du rendement, un ajustement stratégique ou un soutien opérationnel peuvent suffire. Mais pour être pleinement efficaces, ces solutions doivent être envisagées avant que la pression financière ne devienne trop lourde à supporter ou que votre fonds de roulement ne s’épuise.
Par ailleurs, il est important de reconnaître que même les évaluateurs financiers chevronnés peuvent rater les signaux d’alarme qui affectent le cœur de l’entreprise. Lorsque l’accent est mis sur la poursuite des activités, il peut être difficile de prendre du recul et de déterminer quels changements doivent être apportés. C’est à ce moment qu’un regard externe, qu’il s’agisse de celui d’un comptable expérimenté ou d’un conseiller en restructuration, peut se révéler particulièrement éclairant.
Dans le contexte économique actuel, la proactivité n’est pas synonyme de pessimisme; c’est une attitude pragmatique qui témoigne de votre leadership.
Si votre entreprise cumule les dettes ou est soumise à une pression financière constante, sachez que vous avez des options. Un syndic autorisé en insolvabilité peut vous aider à évaluer les prochaines étapes, de la restructuration à la proposition de consommateur, et ce, en toute discrétion. Communiquez avec nous dès aujourd’hui pour une consultation!