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Comment tirer le meilleur de l’évaluation de votre clinique ou de votre cabinet

Comment tirer le meilleur de l’évaluation de votre clinique ou de votre cabinet

Résumé
12 minutes de lecture

Vous songez à vendre, acheter ou simplement mieux comprendre la valeur de votre clinique ou de votre cabinet? Avec les conseils d’Ariane Babin, associée en évaluation d’entreprises et leader du créneau des professionnels de MNP, ce guide vous fournira les bases nécessaires pour lire un rapport d’évaluation avec confiance.

L’évaluation est bien plus qu’un simple exercice financier. Il s’agit d’un outil stratégique incontournable pour tout professionnel souhaitant vendre, acheter ou optimiser la gestion de sa clinique ou de son cabinet. Elle permet de déterminer la juste valeur marchande de la société ou des actions détenues, en tenant compte de la réalité financière, opérationnelle et contextuelle.

Cet article a été conçu pour accompagner les professionnels dans la lecture d’un rapport d’évaluation. Que vous soyez en réflexion pour une transaction future ou que vous souhaitez simplement mieux comprendre la valeur de votre clinique ou de votre cabinet, ce texte vous fournira les bases nécessaires pour lire un rapport d’évaluation avec confiance.

 

Qu’est-ce qu’une évaluation et pourquoi est-elle importante?

Une évaluation, en bonne et due forme, devrait être réalisée sous la forme d’un rapport complet. Elle consiste à déterminer la juste valeur marchande d’une société à une date donnée. Contrairement à une analyse sommaire, souvent basée sur des règles empiriques (règles du pouce), un rapport d’évaluation est fondé sur des méthodes reconnues, des données vérifiables et des hypothèses définies. Il tient compte de la rentabilité de la clinique, mais aussi de ses actifs, de ses dettes, de son achalandage, de ses perspectives de croissance et du marché dans lequel elle évolue, entre autres.

Avant de commencer la lecture d’un rapport, il est essentiel de distinguer deux concepts souvent confondus :

  • La valeur d’entreprise représente la valeur de la clinique ou du cabinet comme entité opérationnelle.
  • La valeur des actions correspond à la valeur nette[1] pour les actionnaires, une fois les dettes soustraites et les actifs excédentaires ajoutés.

Un outil stratégique, pas seulement transactionnel

L’évaluation d’une clinique ou d’un cabinet va bien au-delà d’une simple transaction. Elle peut servir dans une multitude de contextes, tant stratégiques que légaux ou fiscaux. Voici les principales raisons pour lesquelles les propriétaires d’entreprise devraient faire appel à un expert en évaluation d’entreprises.

  • Pour déterminer un prix de vente réaliste.
  • Pour valider une offre reçue.
  • Pour obtenir du financement auprès d’une institution financière.
  • Pour planifier une relève ou un transfert familial.
  • Pour résoudre un litige entre actionnaires.
  • Pour résoudre un litige matrimonial.
  • Pour appuyer une planification fiscale ou une restructuration d’entreprise.
  • Pour évaluer la performance et la valeur de la clinique ou du cabinet en prévision d’une vente dans quelques années. 

Quelles sont les méthodes utilisées pour évaluer une clinique ou un cabinet?

L’évaluation d’une clinique ou d’un cabinet repose sur des processus structurés qui permettent de déterminer une valeur juste et réaliste. Le choix de l’approche dépend de son profil, de son historique financier, de son stade de développement et du contexte de l’évaluation.

Approche fondée sur les actifs

L’approche fondée sur les actifs comprend plusieurs méthodes. Le principe général est de repasser chaque ligne d’actif et de passif et d’en déterminer la valeur. La méthode la plus connue est celle de l’actif net redressé. Cette méthode consiste à évaluer les actifs nets redressés de la clinique ou du cabinet, c’est-à-dire la valeur marchande de ses équipements, de son mobilier, de ses liquidités et autres éléments d’actifs, moins ses dettes et autres éléments du passif à la valeur marchande, afin de déterminer les fonds propres nets qui en résultent[2]. Elle est surtout utilisée dans deux cas :

  • Pour les cliniques ou cabinets en démarrage, qui n’ont pas encore généré de rentabilité ni d’achalandage considérable.
  • Pour les cliniques ou cabinets de faible rentabilité qui génèrent des profits, mais qui ne peuvent obtenir un rendement satisfaisant sur leurs actifs physiques. Toutefois, leur valeur en tant qu’entreprise en activité demeure plus élevée que si elle était liquidée.

L’approche fondée sur les bénéfices ou les flux monétaires

Il s’agit de la méthode la plus utilisée dans le secteur de la santé. Elle repose sur la capacité de la clinique ou du cabinet à générer des flux monétaires futurs, c’est-à-dire sa rentabilité.

Les variantes les plus utilisées sont les suivantes :

  • Capitalisation des flux monétaires : utilisée lorsque les résultats passés sont représentatifs du futur. Les états financiers historiques sont analysés (souvent sur cinq ans), ils sont ensuite normalisés, puis un multiple est appliqué pour en déterminer la valeur.
  • Actualisation des flux monétaires : utilisée lorsque le passé n’est pas représentatif (p. ex. : agrandissement récent, déménagement, changement d’équipe). Ce sont des projections financières qui refléteront la nouvelle réalité de la clinique.

Cette approche tient compte de nombreux facteurs qualitatifs et quantitatifs, comme l’achalandage, la stabilité de l’équipe, les investissements à venir, les perspectives de croissance, les contrats légaux, et la reproductibilité de la pratique lors du transfert d’achalandage.

L’approche fondée sur le marché

Cette approche consiste à comparer la clinique ou le cabinet à d’autres transactions similaires dans le même marché. Elle est souvent utilisée comme méthode de corroboration, pour valider les résultats obtenus par une autre approche. Les évaluateurs utilisent des bases de données internes et externes pour repérer des transactions comparables, tout en prenant en considération les différences observées (taille, emplacement, rentabilité, etc.).

Le choix de la méthode est une étape importante de l’évaluation. Il doit être justifié dans le rapport et adapté à la réalité de la clinique ou du cabinet. Une méthode mal choisie peut fausser la valeur, nuire à une négociation ou entraîner des conséquences fiscales indésirables.

Quels sont les termes clés à connaître sur l’évaluation?

Avant de plonger dans la lecture d’un rapport d’évaluation, il est utile de se familiariser avec certains termes techniques que l’on retrouve fréquemment dans ce type de document. Voici les principaux :

  • Ajustements (add-backs)
    Ajustements apportés aux résultats financiers pour exclure les dépenses non récurrentes ou discrétionnaires (p. ex. : dépenses personnelles du propriétaire, événements exceptionnels, etc.).
  • CAPEX
    Dépenses en immobilisations prévues dans le futur (p. ex. : rénovations, achat d’équipement). Elles ont une incidence sur la valeur, car elles représentent des investissements nécessaires pour maintenir ou améliorer la clinique ou le cabinet.
  • Achalandage
    Il s’agit de l’ensemble des éléments intangibles qui contribuent à la valeur de la clinique ou du cabinet, notamment la clientèle, la réputation, la notoriété, les relations avec les professionnels, et l’équipe. Le fonds commercial reflète la capacité de la clinique à générer des revenus à long terme.
  • Besoins en fonds de roulement
    Représente les liquidités nécessaires pour faire fonctionner la clinique ou le cabinet au quotidien. Il peut être inclus ou exclu de la transaction, ce qui influence la valeur des actions.
  • Juste valeur marchande
    Le prix le plus élevé, exprimé en équivalents de trésorerie, pouvant être obtenu dans le cadre d’une transaction, sur un marché où la concurrence peut librement s’exercer, entre un acheteur et un vendeur hypothétiques, consentants, aptes à transiger, sans lien de dépendance, libres de toute contrainte et raisonnablement informés des faits pertinents[3].
  • Immobilisations corporelles
    Biens physiques détenus par la clinique ou le cabinet, comme les équipements médicaux, le mobilier ou les ordinateurs.
  • Immobilisations incorporelles
    Actifs non physiques, comme la réputation de la marque, les relations avec les patients ou les contrats avec les professionnels.
  • Normalisation
    Processus qui consiste à présenter des résultats représentatifs et reproductibles afin de prévoir la rentabilité pour un futur acheteur. La normalisation permet de dégager un BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements) « normalisé ».

Quelles sont les composantes d’un rapport d’évaluation?

Un rapport d’évaluation est structuré de façon à guider le lecteur à travers les différentes étapes du raisonnement qui mène à la conclusion de valeur. Voici les principales composantes que l’on retrouve dans un rapport conforme aux normes de l’Institut des CBV (experts en évaluation d’entreprises) :

1. Introduction (mandat)

Indique qui a été mandaté pour réaliser l’évaluation, dans quel but et à quelle date. Elle établit le cadre de référence de l’analyse.

2. Sommaire de la juste valeur marchande

Un résumé de la valeur déterminée, présenté dès le début du rapport.

3. Compétences et indépendance du cabinet

Le rapport doit démontrer que la personne ou le cabinet qui a réalisé l’évaluation possède les compétences requises, notamment une expertise reconnue en évaluation d’entreprises. Les honoraires d’un évaluateur d’entreprise ne devraient pas être fonction du résultat obtenu. Cette indépendance garantit l’objectivité de l’analyse et renforce la crédibilité du rapport.

4. Définitions et normes utilisées

On y retrouve les définitions clés comme la juste valeur marchande et les normes professionnelles suivies. Cette section précise aussi si des conventions particulières s’appliquent.

5. Restrictions et limitations

Cette section n’est pas présente dans tous les rapports, mais le cas échéant, elle mentionne les limites de l’analyse, par exemple si certains documents n’ont pas été fournis ou si des hypothèses ont dû être formulées en l’absence d’information.

6. Le marché

Comprend un survol du contexte économique et sectoriel : tendances de l’industrie, perspectives de croissance, politiques, taux de chômage, taux d’inflation, etc. Cela permet de situer l’entreprise selon le marché dans lequel elle évolue.

7. Portrait de la clinique ou du cabinet

Cette section décrit la clinique ou le cabinet : historique, structure, actionnaires, équipe, bail, clientèle, services offerts, etc.

8. Historique de la performance financière

Analyse des états financiers des dernières années, incluant les redressements pour obtenir un BAIIA ou un flux monétaire normalisé.

9. Méthode adaptée

Présentation de la méthode d’évaluation retenue (actifs, flux monétaires ou marché) et justification du choix. Cette section est essentielle pour comprendre le raisonnement derrière la valeur obtenue.

10. Calcul de la valeur

Les détails du calcul effectué, incluant :

  • le flux monétaire ou BAIIA normalisé;
  • le multiple appliqué, basé sur une analyse des forces, faiblesses, occasions et menaces (FFOM);
  • les hypothèses sur les investissements futurs (CAPEX).

11. Méthode de corroboration

Comparaison avec des transactions similaires dans le marché pour valider la cohérence de la valeur obtenue. Cela permet de situer la clinique ou le cabinet par rapport à des cas comparables.

12. Conclusion

Résumé des résultats, des hypothèses clés et des limites. Cette section peut aussi inclure des recommandations ou des observations stratégiques.

13. Annexes

On peut y retrouver :

  • les états financiers historiques, le budget et les prévisions financières, le cas échéant;
  • la liste des documents analysés;
  • les hypothèses utilisées;
  • des photos de la clinique;
  • un glossaire des termes techniques. 

Chaque partie du rapport d’évaluation joue un rôle essentiel pour comprendre non seulement la valeur obtenue, mais aussi les facteurs qui l’influencent. Une lecture attentive permet au propriétaire de valider les hypothèses, de poser les bonnes questions et, au besoin, de corriger certaines informations avant la finalisation du rapport.

Comment lire et interpréter un rapport d’évaluation?

Un rapport d’évaluation peut sembler intimidant à première vue. Pourtant, il s’agit d’un document stratégique qui vous permettra de comprendre la valeur réelle de votre clinique ou de votre cabinet, de valider les hypothèses utilisées et de prendre des décisions éclairées. Voici les étapes clés pour en faire une lecture efficace.

1. Lire le sommaire des conclusions

Commencez par le sommaire : c’est à cet endroit que se trouve la juste valeur marchande déterminée. Vérifiez si cette valeur correspond à vos attentes ou à votre compréhension de la situation. Assurez-vous aussi de bien distinguer la valeur d’entreprise de la valeur des actions, car cette confusion peut entraîner des erreurs d’interprétation importantes.

2. Comprendre la méthode d’évaluation utilisée

Le rapport doit justifier la méthode d’évaluation retenue et les raisons de ce choix. Assurez-vous que cette méthode est cohérente avec la réalité de votre clinique ou de votre cabinet.

3. Analyse des hypothèses clés

Portez attention aux éléments qui peuvent influencer la rentabilité future tels que :

  • le BAIIA ou le flux monétaire normalisé;
  • les investissements à venir (CAPEX);
  • le taux de croissance;
  • le niveau de risque opérationnel.

Les hypothèses décrites dans le rapport sont-elles réalistes et représentatives de votre situation?

4. Examinez le multiple appliqué

Le multiple est un facteur déterminant dans le calcul de la valeur. Il est influencé par des éléments internes (stabilité de l’équipe, contrats, clientèle) et externes (concurrence, tendances du marché). Le rapport devrait expliquer clairement les facteurs qui ont justifié le choix du multiple.

5. Validez les données utilisées

Assurez-vous que les informations fournies (bail, états financiers, contrats, etc.) sont exactes. Si vous repérez une erreur ou une omission, signalez-la à l’évaluateur lorsque le rapport est présenté au stade projet et avant sa finalisation. C’est souvent à cette étape qu’une révision peut être réalisée.

6. Consultez la méthode de corroboration

Cette partie compare votre clinique à d’autres transactions similaires. Elle permet de valider la cohérence de la valeur obtenue et de situer votre clinique ou votre cabinet dans le marché.

7. Posez des questions

N’hésitez pas à prévoir une rencontre avec l’évaluateur pour revoir les sections clés. C’est souvent à ce moment que des éléments oubliés ou mal compris peuvent être clarifiés. L’expert en évaluation d’entreprises vous guidera à travers les éléments du rapport qui peuvent avoir une incidence sur la valeur et vous expliquera les hypothèses retenues.

Lire un rapport d’évaluation, c’est aussi vérifier que les conclusions reposent sur des bases solides. Une bonne compréhension du rapport vous permet non seulement de mieux négocier, mais aussi de mieux planifier l’avenir de votre clinique.

Comment améliorer l’évaluation de sa clinique ou de son cabinet?

L’évaluation d’une clinique ou d’un cabinet ne dépend pas uniquement de ses revenus actuels. Elle repose sur un ensemble de facteurs financiers et opérationnels. La bonne nouvelle, c’est que la plupart d’entre eux peuvent être optimisés, à condition de s’y prendre à l’avance.

Voici quelques éléments à considérer :

1. Contrats

Assurez-vous que les contrats avec les professionnels (p. ex. : dentistes ou médecins invités) sont bien rédigés, signés et à jour. Des ententes claires protègent le fonds commercial et rassurent les acheteurs potentiels.

2. Fonds commercial

Le fonds commercial est un actif intangible majeur. Il comprend :

  • le nombre de dossiers actifs;
  • le volume de nouveaux patients;
  • le profil de la clientèle;
  • la fidélité et la récurrence.

Un bon suivi de ces indicateurs, appuyé par des données concrètes, renforce la valeur perçue de la clinique ou du cabinet.

3. Types de pratique

Offrir une gamme de services diversifiée et bien structurée augmente la valeur. Vos services référés à l’externe pourraient-ils être intégrés à l’interne?

4. Potentiel de croissance

Une clinique avec un fort potentiel de croissance est plus attrayante. Cela peut inclure :

  • des locaux pouvant accueillir une équipe diversifiée;
  • des services non encore offerts, mais demandés;
  • un bassin de patients important et sous-exploité.

5. État des locaux et des équipements

Des locaux bien entretenus et des équipements à jour réduisent les investissements à prévoir pour un acheteur. À l’inverse, une clinique ou un cabinet qui a fait son temps verra sa valeur diminuée.

6. Transfert du fonds commercial

Le transfert du fonds commercial (ex. : mentorat, accompagnement du vendeur) est un facteur important. Une période de transition bien planifiée rassure l’acheteur et augmente la valeur. La durée optimale varie selon le type de pratique.

7. Reproductibilité de la pratique

Trouver la personne qui sera en mesure de reprendre la clinique ou le cabinet. S’il s’agit d’une pratique difficile à reproduire, il faudra planifier une transition plus longue, offrir davantage de mentorat et avoir un plan de match.

8. Main-d’œuvre

La stabilité de l’équipe est un atout majeur. Un faible taux de roulement, des conditions de travail compétitives et une équipe complète sont des éléments qui rassurent les acheteurs et les prêteurs.

Si vous envisagez de vendre ou acheter une clinique ou un cabinet, il faudra vous pencher sur ces éléments idéalement deux à cinq ans avant la transaction. Cela vous permettra de produire des états financiers solides, de démontrer des améliorations concrètes et de maximiser sa valeur au moment opportun.

L’évaluation est bien plus qu’un simple exercice financier. Il s’agit d’un outil stratégique incontournable pour tout professionnel souhaitant vendre, acheter ou optimiser la gestion de sa clinique ou de son cabinet. Elle permet de déterminer la juste valeur marchande de la société ou des actions détenues, en tenant compte de la réalité financière, opérationnelle et contextuelle.

Cet article a été conçu pour accompagner les professionnels dans la lecture d’un rapport d’évaluation. Que vous soyez en réflexion pour une transaction future ou que vous souhaitez simplement mieux comprendre la valeur de votre clinique ou de votre cabinet, ce texte vous fournira les bases nécessaires pour lire un rapport d’évaluation avec confiance.

 

Qu’est-ce qu’une évaluation et pourquoi est-elle importante?

Une évaluation, en bonne et due forme, devrait être réalisée sous la forme d’un rapport complet. Elle consiste à déterminer la juste valeur marchande d’une société à une date donnée. Contrairement à une analyse sommaire, souvent basée sur des règles empiriques (règles du pouce), un rapport d’évaluation est fondé sur des méthodes reconnues, des données vérifiables et des hypothèses définies. Il tient compte de la rentabilité de la clinique, mais aussi de ses actifs, de ses dettes, de son achalandage, de ses perspectives de croissance et du marché dans lequel elle évolue, entre autres.

Avant de commencer la lecture d’un rapport, il est essentiel de distinguer deux concepts souvent confondus :

  • La valeur d’entreprise représente la valeur de la clinique ou du cabinet comme entité opérationnelle.
  • La valeur des actions correspond à la valeur nette[1] pour les actionnaires, une fois les dettes soustraites et les actifs excédentaires ajoutés.

Un outil stratégique, pas seulement transactionnel

L’évaluation d’une clinique ou d’un cabinet va bien au-delà d’une simple transaction. Elle peut servir dans une multitude de contextes, tant stratégiques que légaux ou fiscaux. Voici les principales raisons pour lesquelles les propriétaires d’entreprise devraient faire appel à un expert en évaluation d’entreprises.

  • Pour déterminer un prix de vente réaliste.
  • Pour valider une offre reçue.
  • Pour obtenir du financement auprès d’une institution financière.
  • Pour planifier une relève ou un transfert familial.
  • Pour résoudre un litige entre actionnaires.
  • Pour résoudre un litige matrimonial.
  • Pour appuyer une planification fiscale ou une restructuration d’entreprise.
  • Pour évaluer la performance et la valeur de la clinique ou du cabinet en prévision d’une vente dans quelques années. 

Quelles sont les méthodes utilisées pour évaluer une clinique ou un cabinet?

L’évaluation d’une clinique ou d’un cabinet repose sur des processus structurés qui permettent de déterminer une valeur juste et réaliste. Le choix de l’approche dépend de son profil, de son historique financier, de son stade de développement et du contexte de l’évaluation.

Approche fondée sur les actifs

L’approche fondée sur les actifs comprend plusieurs méthodes. Le principe général est de repasser chaque ligne d’actif et de passif et d’en déterminer la valeur. La méthode la plus connue est celle de l’actif net redressé. Cette méthode consiste à évaluer les actifs nets redressés de la clinique ou du cabinet, c’est-à-dire la valeur marchande de ses équipements, de son mobilier, de ses liquidités et autres éléments d’actifs, moins ses dettes et autres éléments du passif à la valeur marchande, afin de déterminer les fonds propres nets qui en résultent[2]. Elle est surtout utilisée dans deux cas :

  • Pour les cliniques ou cabinets en démarrage, qui n’ont pas encore généré de rentabilité ni d’achalandage considérable.
  • Pour les cliniques ou cabinets de faible rentabilité qui génèrent des profits, mais qui ne peuvent obtenir un rendement satisfaisant sur leurs actifs physiques. Toutefois, leur valeur en tant qu’entreprise en activité demeure plus élevée que si elle était liquidée.

L’approche fondée sur les bénéfices ou les flux monétaires

Il s’agit de la méthode la plus utilisée dans le secteur de la santé. Elle repose sur la capacité de la clinique ou du cabinet à générer des flux monétaires futurs, c’est-à-dire sa rentabilité.

Les variantes les plus utilisées sont les suivantes :

  • Capitalisation des flux monétaires : utilisée lorsque les résultats passés sont représentatifs du futur. Les états financiers historiques sont analysés (souvent sur cinq ans), ils sont ensuite normalisés, puis un multiple est appliqué pour en déterminer la valeur.
  • Actualisation des flux monétaires : utilisée lorsque le passé n’est pas représentatif (p. ex. : agrandissement récent, déménagement, changement d’équipe). Ce sont des projections financières qui refléteront la nouvelle réalité de la clinique.

Cette approche tient compte de nombreux facteurs qualitatifs et quantitatifs, comme l’achalandage, la stabilité de l’équipe, les investissements à venir, les perspectives de croissance, les contrats légaux, et la reproductibilité de la pratique lors du transfert d’achalandage.

L’approche fondée sur le marché

Cette approche consiste à comparer la clinique ou le cabinet à d’autres transactions similaires dans le même marché. Elle est souvent utilisée comme méthode de corroboration, pour valider les résultats obtenus par une autre approche. Les évaluateurs utilisent des bases de données internes et externes pour repérer des transactions comparables, tout en prenant en considération les différences observées (taille, emplacement, rentabilité, etc.).

Le choix de la méthode est une étape importante de l’évaluation. Il doit être justifié dans le rapport et adapté à la réalité de la clinique ou du cabinet. Une méthode mal choisie peut fausser la valeur, nuire à une négociation ou entraîner des conséquences fiscales indésirables.

Quels sont les termes clés à connaître sur l’évaluation?

Avant de plonger dans la lecture d’un rapport d’évaluation, il est utile de se familiariser avec certains termes techniques que l’on retrouve fréquemment dans ce type de document. Voici les principaux :

  • Ajustements (add-backs)
    Ajustements apportés aux résultats financiers pour exclure les dépenses non récurrentes ou discrétionnaires (p. ex. : dépenses personnelles du propriétaire, événements exceptionnels, etc.).
  • CAPEX
    Dépenses en immobilisations prévues dans le futur (p. ex. : rénovations, achat d’équipement). Elles ont une incidence sur la valeur, car elles représentent des investissements nécessaires pour maintenir ou améliorer la clinique ou le cabinet.
  • Achalandage
    Il s’agit de l’ensemble des éléments intangibles qui contribuent à la valeur de la clinique ou du cabinet, notamment la clientèle, la réputation, la notoriété, les relations avec les professionnels, et l’équipe. Le fonds commercial reflète la capacité de la clinique à générer des revenus à long terme.
  • Besoins en fonds de roulement
    Représente les liquidités nécessaires pour faire fonctionner la clinique ou le cabinet au quotidien. Il peut être inclus ou exclu de la transaction, ce qui influence la valeur des actions.
  • Juste valeur marchande
    Le prix le plus élevé, exprimé en équivalents de trésorerie, pouvant être obtenu dans le cadre d’une transaction, sur un marché où la concurrence peut librement s’exercer, entre un acheteur et un vendeur hypothétiques, consentants, aptes à transiger, sans lien de dépendance, libres de toute contrainte et raisonnablement informés des faits pertinents[3].
  • Immobilisations corporelles
    Biens physiques détenus par la clinique ou le cabinet, comme les équipements médicaux, le mobilier ou les ordinateurs.
  • Immobilisations incorporelles
    Actifs non physiques, comme la réputation de la marque, les relations avec les patients ou les contrats avec les professionnels.
  • Normalisation
    Processus qui consiste à présenter des résultats représentatifs et reproductibles afin de prévoir la rentabilité pour un futur acheteur. La normalisation permet de dégager un BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements) « normalisé ».

Quelles sont les composantes d’un rapport d’évaluation?

Un rapport d’évaluation est structuré de façon à guider le lecteur à travers les différentes étapes du raisonnement qui mène à la conclusion de valeur. Voici les principales composantes que l’on retrouve dans un rapport conforme aux normes de l’Institut des CBV (experts en évaluation d’entreprises) :

1. Introduction (mandat)

Indique qui a été mandaté pour réaliser l’évaluation, dans quel but et à quelle date. Elle établit le cadre de référence de l’analyse.

2. Sommaire de la juste valeur marchande

Un résumé de la valeur déterminée, présenté dès le début du rapport.

3. Compétences et indépendance du cabinet

Le rapport doit démontrer que la personne ou le cabinet qui a réalisé l’évaluation possède les compétences requises, notamment une expertise reconnue en évaluation d’entreprises. Les honoraires d’un évaluateur d’entreprise ne devraient pas être fonction du résultat obtenu. Cette indépendance garantit l’objectivité de l’analyse et renforce la crédibilité du rapport.

4. Définitions et normes utilisées

On y retrouve les définitions clés comme la juste valeur marchande et les normes professionnelles suivies. Cette section précise aussi si des conventions particulières s’appliquent.

5. Restrictions et limitations

Cette section n’est pas présente dans tous les rapports, mais le cas échéant, elle mentionne les limites de l’analyse, par exemple si certains documents n’ont pas été fournis ou si des hypothèses ont dû être formulées en l’absence d’information.

6. Le marché

Comprend un survol du contexte économique et sectoriel : tendances de l’industrie, perspectives de croissance, politiques, taux de chômage, taux d’inflation, etc. Cela permet de situer l’entreprise selon le marché dans lequel elle évolue.

7. Portrait de la clinique ou du cabinet

Cette section décrit la clinique ou le cabinet : historique, structure, actionnaires, équipe, bail, clientèle, services offerts, etc.

8. Historique de la performance financière

Analyse des états financiers des dernières années, incluant les redressements pour obtenir un BAIIA ou un flux monétaire normalisé.

9. Méthode adaptée

Présentation de la méthode d’évaluation retenue (actifs, flux monétaires ou marché) et justification du choix. Cette section est essentielle pour comprendre le raisonnement derrière la valeur obtenue.

10. Calcul de la valeur

Les détails du calcul effectué, incluant :

  • le flux monétaire ou BAIIA normalisé;
  • le multiple appliqué, basé sur une analyse des forces, faiblesses, occasions et menaces (FFOM);
  • les hypothèses sur les investissements futurs (CAPEX).

11. Méthode de corroboration

Comparaison avec des transactions similaires dans le marché pour valider la cohérence de la valeur obtenue. Cela permet de situer la clinique ou le cabinet par rapport à des cas comparables.

12. Conclusion

Résumé des résultats, des hypothèses clés et des limites. Cette section peut aussi inclure des recommandations ou des observations stratégiques.

13. Annexes

On peut y retrouver :

  • les états financiers historiques, le budget et les prévisions financières, le cas échéant;
  • la liste des documents analysés;
  • les hypothèses utilisées;
  • des photos de la clinique;
  • un glossaire des termes techniques. 

Chaque partie du rapport d’évaluation joue un rôle essentiel pour comprendre non seulement la valeur obtenue, mais aussi les facteurs qui l’influencent. Une lecture attentive permet au propriétaire de valider les hypothèses, de poser les bonnes questions et, au besoin, de corriger certaines informations avant la finalisation du rapport.

Comment lire et interpréter un rapport d’évaluation?

Un rapport d’évaluation peut sembler intimidant à première vue. Pourtant, il s’agit d’un document stratégique qui vous permettra de comprendre la valeur réelle de votre clinique ou de votre cabinet, de valider les hypothèses utilisées et de prendre des décisions éclairées. Voici les étapes clés pour en faire une lecture efficace.

1. Lire le sommaire des conclusions

Commencez par le sommaire : c’est à cet endroit que se trouve la juste valeur marchande déterminée. Vérifiez si cette valeur correspond à vos attentes ou à votre compréhension de la situation. Assurez-vous aussi de bien distinguer la valeur d’entreprise de la valeur des actions, car cette confusion peut entraîner des erreurs d’interprétation importantes.

2. Comprendre la méthode d’évaluation utilisée

Le rapport doit justifier la méthode d’évaluation retenue et les raisons de ce choix. Assurez-vous que cette méthode est cohérente avec la réalité de votre clinique ou de votre cabinet.

3. Analyse des hypothèses clés

Portez attention aux éléments qui peuvent influencer la rentabilité future tels que :

  • le BAIIA ou le flux monétaire normalisé;
  • les investissements à venir (CAPEX);
  • le taux de croissance;
  • le niveau de risque opérationnel.

Les hypothèses décrites dans le rapport sont-elles réalistes et représentatives de votre situation?

4. Examinez le multiple appliqué

Le multiple est un facteur déterminant dans le calcul de la valeur. Il est influencé par des éléments internes (stabilité de l’équipe, contrats, clientèle) et externes (concurrence, tendances du marché). Le rapport devrait expliquer clairement les facteurs qui ont justifié le choix du multiple.

5. Validez les données utilisées

Assurez-vous que les informations fournies (bail, états financiers, contrats, etc.) sont exactes. Si vous repérez une erreur ou une omission, signalez-la à l’évaluateur lorsque le rapport est présenté au stade projet et avant sa finalisation. C’est souvent à cette étape qu’une révision peut être réalisée.

6. Consultez la méthode de corroboration

Cette partie compare votre clinique à d’autres transactions similaires. Elle permet de valider la cohérence de la valeur obtenue et de situer votre clinique ou votre cabinet dans le marché.

7. Posez des questions

N’hésitez pas à prévoir une rencontre avec l’évaluateur pour revoir les sections clés. C’est souvent à ce moment que des éléments oubliés ou mal compris peuvent être clarifiés. L’expert en évaluation d’entreprises vous guidera à travers les éléments du rapport qui peuvent avoir une incidence sur la valeur et vous expliquera les hypothèses retenues.

Lire un rapport d’évaluation, c’est aussi vérifier que les conclusions reposent sur des bases solides. Une bonne compréhension du rapport vous permet non seulement de mieux négocier, mais aussi de mieux planifier l’avenir de votre clinique.

Comment améliorer l’évaluation de sa clinique ou de son cabinet?

L’évaluation d’une clinique ou d’un cabinet ne dépend pas uniquement de ses revenus actuels. Elle repose sur un ensemble de facteurs financiers et opérationnels. La bonne nouvelle, c’est que la plupart d’entre eux peuvent être optimisés, à condition de s’y prendre à l’avance.

Voici quelques éléments à considérer :

1. Contrats

Assurez-vous que les contrats avec les professionnels (p. ex. : dentistes ou médecins invités) sont bien rédigés, signés et à jour. Des ententes claires protègent le fonds commercial et rassurent les acheteurs potentiels.

2. Fonds commercial

Le fonds commercial est un actif intangible majeur. Il comprend :

  • le nombre de dossiers actifs;
  • le volume de nouveaux patients;
  • le profil de la clientèle;
  • la fidélité et la récurrence.

Un bon suivi de ces indicateurs, appuyé par des données concrètes, renforce la valeur perçue de la clinique ou du cabinet.

3. Types de pratique

Offrir une gamme de services diversifiée et bien structurée augmente la valeur. Vos services référés à l’externe pourraient-ils être intégrés à l’interne?

4. Potentiel de croissance

Une clinique avec un fort potentiel de croissance est plus attrayante. Cela peut inclure :

  • des locaux pouvant accueillir une équipe diversifiée;
  • des services non encore offerts, mais demandés;
  • un bassin de patients important et sous-exploité.

5. État des locaux et des équipements

Des locaux bien entretenus et des équipements à jour réduisent les investissements à prévoir pour un acheteur. À l’inverse, une clinique ou un cabinet qui a fait son temps verra sa valeur diminuée.

6. Transfert du fonds commercial

Le transfert du fonds commercial (ex. : mentorat, accompagnement du vendeur) est un facteur important. Une période de transition bien planifiée rassure l’acheteur et augmente la valeur. La durée optimale varie selon le type de pratique.

7. Reproductibilité de la pratique

Trouver la personne qui sera en mesure de reprendre la clinique ou le cabinet. S’il s’agit d’une pratique difficile à reproduire, il faudra planifier une transition plus longue, offrir davantage de mentorat et avoir un plan de match.

8. Main-d’œuvre

La stabilité de l’équipe est un atout majeur. Un faible taux de roulement, des conditions de travail compétitives et une équipe complète sont des éléments qui rassurent les acheteurs et les prêteurs.

Si vous envisagez de vendre ou acheter une clinique ou un cabinet, il faudra vous pencher sur ces éléments idéalement deux à cinq ans avant la transaction. Cela vous permettra de produire des états financiers solides, de démontrer des améliorations concrètes et de maximiser sa valeur au moment opportun.

Points de vue

  • Progrès

    19 juin 2025

    Quelle est l’incidence du marché actuel sur la valeur de votre entreprise du secteur de l’énergie?

    Comment les changements dans le secteur de l’énergie influent-ils sur la valeur de votre entreprise? Une évaluation peut vous aider à cerner la valeur réelle de votre organisation dans un marché volatil.

  • Souplesse

    18 juin 2025

    Étude de cas : Enmax Power Corporation Mise sur pied d’un bureau de gestion de projets (BGP)

    MNP a participé à la mise sur pied d’un bureau de gestion de projet afin de standardiser l’exécution de projets et de programmes d’une entreprise du secteur de l’énergie et des services publics.

  • Progrès

    18 juin 2025

    Les technologies comme moyen d’améliorer les stratégies de ressources humaines dans le secteur de l’énergie et des services publics

    Votre entreprise du secteur de l’énergie et des services publics caresse de nombreuses ambitions, qu’il s’agisse de croissance ou d’atteinte de ses objectifs de DEI. La technologie peut donner des ailes à votre stratégie de ressources humaines.