Chaîne d’approvisionnement 2.0 : faire face aux enjeux d’un avenir hyperconnecté

Est-ce qu’il existe aujourd’hui des risques qui n’ont pas d’incidence sur les chaînes d’approvisionnement?

L’approvisionnement moderne nécessite des réseaux complexes et interdépendants.

Qu’il s’agisse de l’acquisition de matières premières, de la fabrication ou de la distribution, les risques associés au virage numérique, à la situation géopolitique, aux conflits de travail et aux questions environnementales remodèlent les flux transfrontaliers de marchandises. Les pressions grandissantes pour un approvisionnement éthique et durable viennent compléter la liste des ingrédients d’une complexité sans précédent.

La pandémie de 2020 a été un premier coup de semonce. Elle nous a appris qu’une chaîne d’approvisionnement peut rapidement s’effondrer. Les perturbations qui ont touché la main-d’œuvre, la fabrication et l’expédition ont causé des pénuries dans beaucoup de secteurs. Les faiblesses des modèles à fournisseur exclusif, des systèmes de logistique vétustes et des modèles de gestion juste-à-temps ont éclaté au grand jour.

Cinq ans plus tard, les chaînes d’approvisionnement font face à de nouveaux défis. Les mesures tarifaires sans précédent appliquées par le président Donald Trump sur les alliés de longue date des États-Unis bouleversent le paysage commercial pour les entreprises canadiennes. Force est de constater que l’existence d’un commerce transfrontalier bon marché n’est plus une certitude et que sa disparition poserait de graves problèmes économiques pour le Canada, qui s’est employé à l’optimiser depuis plus de 30 ans. Peu importe l’importance et la durée des tarifs, leurs répercussions seront assurément à la fois importantes et profondes.

Les conflits de travail dans le transport ferroviaire au Canada en 2024 ont été un nouveau rappel de la fragilité des chaînes d’approvisionnement. Le lock-out de plus de 9 000 ouvriers du Canadien National et du Canadien Pacifique Kansas City a mis en danger des millions de dollars d’échanges commerciaux quotidiens. Les exportations de céréales, la fabrication de produits chimiques et le transport de fret furent durement touchés. L’interruption du transport ferroviaire a occasionné des pertes quotidiennes de 55 M$ à 63 M$ dans le secteur des engrais selon Fertilisants Canada et aurait pu compromettre les exportations agricoles canadiennes sur l’échiquier mondial.

Dans le domaine des chaînes d’approvisionnement, l’avenir appartient à ceux qui sauront s’adapter, opérer un virage numérique et parer aux imprévus.

La réalité des chaînes d’approvisionnement modernes

La résilience des chaînes d’approvisionnement n’est plus seulement une question d’efficacité. Elle dépend dorénavant de facteurs clés comme l’agilité, la technologie et la gestion des risques.

Le numérique est en train de transformer le domaine de la logistique. Pour minimiser les contrecoups des perturbations, de grandes sociétés comme UPS et Walmart utilisent des systèmes de logistique et de gestion des stocks fondés sur des données. Or, les entreprises ne sont pas toutes capables d’une telle adaptation, et la conséquence pour les plus petits acteurs pourrait être de se voir exclus du marché.

On observe une intensification des pressions de nature réglementaire et éthique. Au Canada, la Loi sur la lutte contre le travail forcé et le travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement (2024) exige la production d’un rapport annuel sur les efforts déployés pour prévenir le risque de recours au travail forcé et au travail des enfants. Cette loi contribue à la transparence de ces chaînes, mais les entreprises qui ne réussissent pas à avoir un portrait clair des activités de leurs fournisseurs trouvent difficile de se conformer à ses dispositions.

On constate aussi une augmentation des risques mondiaux liés à la gouvernance. Les partenaires commerciaux du Canada doivent respecter des règles de gouvernance de plus en plus strictes, ce qui rend l’exercice d’un contrôle diligent à l’importation plus important que jamais pour éviter les fournisseurs malhonnêtes et assurer sa conformité aux lois et aux règlements.

Risques à surveiller

Phénomènes climatiques extrêmes : les feux de forêt, les inondations et les orages violents perturbent les installations manufacturières et les infrastructures de transport.

Instabilité géopolitique : les tarifs douaniers, les différends commerciaux et les conflits armés, entre autres, ont des répercussions sur la disponibilité et le prix des matières premières et des marchandises.

Perturbations du travail : les grèves et les conflits de travail peuvent interrompre la circulation des marchandises à l’échelle du pays.

Infrastructures de transport : les ports congestionnés, les réseaux ferroviaires vétustes et les autoroutes engorgées augmentent les coûts et les retards d’acheminement.

Menaces à la cybersécurité : les chaînes d’approvisionnement sont exposées à un risque accru de cyberattaques (logiciels de rançon, intrusions informatiques, etc.) qui visent les infrastructures et les systèmes informatiques essentiels.

Perturbations de nature technologique : les avancées technologiques et le virage numérique confrontent les chaînes d’approvisionnement à une complexité croissante et à des problèmes d’intégration.

Insolvabilité des fournisseurs : l’incertitude économique peut perturber les chaînes d’approvisionnement en rendant les fournisseurs insolvables ou en réduisant leur capacité de production.

Pénurie de matériaux : la hausse du coût des intrants et les questions environnementales rendent certains matériaux plus difficiles à obtenir.

Changements à la réglementation : les entreprises doivent respecter une reddition de comptes plus stricte au sujet de leurs émissions de carbone, du caractère éthique de leurs pratiques d’emploi et de l’impact écologique de leurs activités.

Perturbations causées par la pandémie : certains effets de la pandémie de COVID-19 continuent de jouer sur la disponibilité de la main-d’œuvre et les dynamiques du commerce mondial.