Les conseils du futur devront être tout aussi diversifiés et qualifiés que les personnes qu’ils régissent
Le rôle des conseils d’administration est en voie de subir des bouleversements sismiques alimentés par les percées technologiques, la volatilité économique, les changements dans la réglementation et les attentes des parties prenantes. Pour continuer d’être des gardiens efficaces, les conseils doivent s’adapter en même temps que les entreprises, élargir leur expertise et affiner continuellement leurs stratégies de gouvernance.
Au fil de l’évolution des risques, certaines organisations se poseront les questions suivantes : est-ce qu’un programme de perfectionnement continu devrait être obligatoire pour les membres du conseil? Est-ce qu’une meilleure connaissance de l’IA, des cyberrisques et de la durabilité améliorerait la prise de décisions et la veille stratégique?
Acquérir un avantage concurrentiel
La diversité au sein du conseil n’est plus un impératif de nature éthique; c’est un atout. Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) ont relevé que 29 % des postes d’administrateurs des plus importantes sociétés cotées du Canada sont actuellement occupés par des femmes. De plus, les nouvelles lignes directrices d’Institutional Shareholder Services exigent que les sociétés comprises dans l’indice composé S&P/TSX aient au moins un administrateur qui soit d’une origine ethnique diverse.
Bien qu’on observe des progrès sur ce plan, il vaut la peine de rappeler à quel point il est important que les organes de direction aient des perspectives diversifiées pour favoriser l’innovation, la résilience et la confiance du public. Ils doivent élargir leur champ d’action traditionnel et ne pas se limiter à la stabilité financière de l’organisation et la capacité de la direction à réaliser le plan stratégique. Les administrateurs et les membres de la direction qui encouragent l’agilité et l’innovation seront valorisés et essentiels pour pousser l’organisation à être plus progressive face à l’incertitude mondiale et économique.
Les conseils sont également aux prises avec une montée des inspections réglementaires. Les ACVM ont proposé le Règlement 51-107 dans le but de standardiser l’information liée aux questions climatiques. Si ce règlement est adopté, les entreprises devront intégrer d’emblée les risques climatiques dans la gouvernance, à défaut de quoi elles s’exposeront à des pénalités et à un ternissement de leur réputation.
De plus, les agences de conseil en vote comme Glass Lewis ont relevé qu’une piètre surveillance de la cybersécurité peut se traduire par des recommandations négatives relativement aux administrateurs, en particulier dans le cas des organisations qui ont été considérablement touchées par des cyberincidents. Les conseils doivent collaborer avec la direction pour améliorer les mesures de cybersécurité et s’assurer de demeurer résilients devant les menaces numériques.
Risques à surveiller
Activisme actionnarial : étant donné que les actionnaires engagés exercent d’importantes pressions sur les conseils, ces derniers se doivent d’être transparents et activement mobilisés.
Diversité et inclusion : les changements à la réglementation et aux politiques relatives aux conseils en vote qui sont en vigueur soulignent l’importance de la diversité au sein des conseils.
Cybermenaces : la montée des cyberattaques et des attaques au rançongiciel met à l’épreuve la surveillance exercée par le conseil.
Conformité réglementaire : les changements à la réglementation, en particulier ceux qui se rapportent aux facteurs ESG, exigent qu’on leur accorde plus d’attention et qu’on y consacre plus de ressources.
Perfectionnement des talents et planification de la relève : les conseils doivent se concentrer sur l’évaluation des dirigeants actuels et l’identification des lacunes dans le pipeline de talents afin de guider l’entreprise dans un environnement d’affaires dynamique.
Incertitude économique : l’inflation, les taux d’intérêt et la volatilité des marchés des capitaux pourraient affecter la stabilité financière et nécessiter une orientation de la part du conseil.
Intégration des technologies : les nouvelles technologies permettant d’améliorer les activités peuvent représenter à la fois une possibilité et un obstacle et nécessitent une surveillance accrue.
Gestion de la réputation et de l’image de marque : l’accroissement de la surveillance dans les médias sociaux et des attentes du public signifie que les conseils doivent régler rapidement les crises.
Risques liés aux tiers : la gestion des risques associés aux fournisseurs externes est un élément qui gagne en importance au chapitre de la résilience opérationnelle.
Stratégies d’atténuation des risques
- Mettre en place une formation continue en gouvernance
- Maintenir des communications transparentes et des relations proactives avec les investisseurs
- Évaluer régulièrement les cyberrisques et offrir de la formation à ce sujet
- Accroître la diversité
- Rester à l’affût des lois touchant les facteurs ESG et autres règlements connexes
- Effectuer une vigie des tendances économiques
- Adopter des technologies évolutives pour répondre aux besoins changeants de l’entreprise
- Identifier tôt les futurs dirigeants et mettre en place des pipelines de membres éventuels de la haute direction
- Aligner les stratégies commerciales sur les initiatives visant la durabilité et la résilience
- Gérer les relations avec les tiers
- Gérer activement l’intégrité de la réputation et de l’image de marque
Questions à se poser
- Quels sont les processus en place pour faire en sorte que votre conseil dispose de la bonne combinaison de compétences, d’expertise et de diversité?
- Comment votre conseil reste-t-il au fait de l’évolution des exigences réglementaires et des exigences de gouvernance?
- Quels cadres ou pratiques de gouvernance votre conseil utilise-t-il pour faire le suivi de la gestion des risques?
- De quelle façon votre organisation évalue-t-elle la performance et la reddition de compte du conseil? Comment l’améliore-t-elle?