famille multigénérationnelle se promenant dans leur ferme

Exploitation agricole : préparer le terrain pour soutenir la prochaine génération

Exploitation agricole : préparer le terrain pour soutenir la prochaine génération

Résumé
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D’ici 2033, 40 % des exploitants agricoles canadiens prendront leur retraite, ce qui pourrait entraîner un déficit de main-d’œuvre de 24 000 personnes. Mais pourquoi la relève boude-t-elle un secteur offrant de nombreuses possibilités et une grande sécurité d’emploi?

D’une part, les jeunes ne veulent peut-être pas suivre les traces de leurs parents et grands-parents. D’autre part, la reprise d’une exploitation agricole n’est plus aussi simple qu’auparavant.

Les exploitations familiales se heurtent à des coûts plus élevés et à une concurrence accrue. Le manque d’investissements dans les zones rurales pousse également de plus en plus de jeunes à choisir la vie en ville.

Il y a encore de l’espoir pour les exploitations agricoles familiales du Canada, mais le chemin vers des lendemains plus radieux nécessitera un effort coordonné de la part de la génération actuelle, de la prochaine génération de propriétaires, des bailleurs de fonds, des conseillers d’affaires et de tous les paliers de gouvernement.

Les principaux points à revenir de cet article : 

  • Rédiger un plan de relève rigoureux : une planification proactive est essentielle pour assurer une transition en douceur de la propriété d’une exploitation agricole.
  • Augmenter l’automatisation : les investissements réalisés aujourd’hui peuvent contribuer à maintenir la productivité, à réduire les besoins en main-d’œuvre et à réaliser des économies à long terme.
  • Augmenter les investissements en éducation: la prochaine génération aura besoin d’aide pour gérer les coûts de fonctionnement élevés et s’adapter aux nouvelles pratiques agricoles.
  • Améliorer les infrastructures en zone rurale : le temps est venu de réduire l’écart entre zones urbaines rurales en dotant ces dernières des services dont elles ont besoin de manière à être plus attrayantes pour les agriculteurs.

Dans un rapport datant d’avril 2023, la RBC estimait que 40 % des exploitants agricoles partiraient à la retraite d’ici les 10 prochaines années. Le document révélait également que 66 % des exploitations n’avaient pas de plan de relève, ce qui entraînerait un déficit de 24 000 travailleurs dans les exploitations agricoles, les pépinières et les serres.

Ces trois données ont de quoi inquiéter le secteur agricole. Mais la réalité est plus nuancée.

De nombreux jeunes agriculteurs sont prêts à reprendre l’exploitation familiale. Le problème n’est pas tant de trouver des successeurs que de relever les défis importants qui minent en ce moment l’attrait de la propriété agricole.

Si, au Canada, l’âge moyen des exploitants agricoles augmente, les foires et salons agricoles sont remplis de jeunes agriculteurs qui apprennent les ficelles du métier, comme il en a toujours été. Et ils sont généralement entourés d’enfants, de petits-enfants, de nièces et de neveux.

Si on appréhende une pénurie d’entrepreneurs dans le secteur, ce n’est pas par manque de volonté ou de désir. C’est vraisemblablement la table qu’on leur dresse qui obligera la génération suivante à se tourner vers des pâturages plus verdoyants.

Quelles sont les inquiétudes des jeunes agriculteurs pour la prochaine décennie et au-delà?

« Il y a plus de jeunes qu’on le croit pour reprendre les exploitations agricoles au Canada, mais on doit être réalistes quant aux défis auxquels ils sont confrontés. »

La RBC a rédigé son rapport en collaboration avec le Centre for Canada’s Future | BCG et l’Arrell Food Institute de l’Université de Guelph. Elle présente plusieurs faits et chiffres convaincants :

  • De tous les exploitants agricoles canadiens, 40 % prendront leur retraite d’ici 2033, plaçant l’agriculture à l’aube de l’une des plus importantes transitions en matière de main-d’œuvre et de propriété de l’histoire du pays.
  • Cette situation entraînera une pénurie de 24 000 ouvriers agricoles, pépiniéristes et cultivateurs en serre au cours de la même période.
  • Il faudra accroître l’automatisation et le bassin de main-d’œuvre agricole pour atteindre les objectifs du Canada à moyen et à long terme. Conséquemment, les budgets alloués à l’éducation et à la recherche et développement devront être revus à la hausse.

S’il estime ces chiffres convaincants, Stuart Person, vice-président principal, Agriculture chez MNP, craint qu’ils ne détournent l’attention des défis les plus pressants que doivent relever les jeunes exploitants agricoles.

« Il y a plus de jeunes qu’on le croit pour reprendre les exploitations agricoles au Canada, mais on doit être réalistes quant aux défis auxquels ils sont confrontés, soutient-il. Les coûts initiaux sont extrêmement élevés, et les revenus agricoles ne sont pas toujours au rendez-vous — sans même parler des fluctuations du marché d’une année à l’autre. »

Stuart Person souligne également l’augmentation des coûts de production, l’effritement des marges, l’inadéquation de plus en plus marquée des programmes de soutien aux pertes de revenus et l’augmentation des risques liés à la gestion d’une entreprise agricole.

En outre, de nombreux jeunes agriculteurs déplorent l’absence d’investissements dans les communautés rurales pour remédier au vieillissement des infrastructures routières et ferroviaires, et encore moins pour fournir un accès à Internet haute vitesse ou à une couverture de téléphonie mobile.

Tous ces facteurs rendent la vie et les affaires en région encore plus coûteuses et moins attrayantes.

« Lorsque les plans de relève se résument à la vente des terres, celles-ci sont cédées au plus offrant… Les petites exploitations sont d’emblée hors-jeu. »

Ian Chitwood représente la quatrième génération d’exploitants agricoles à Airdrie, en Alberta. Lui-même, son frère et son père ont leurs propres activités, mais s’entraident au besoin. Vivant à quelques minutes de Calgary, M. Chitwood a un deuxième emploi, car ses revenus provenant de l’agriculture ne suffisent souvent pas à payer les factures. De plus, l’étalement urbain fait grimper en flèche le prix des terres.

Le rapport d’évaluation foncière de 2024 de la Ville de Calgary indique qu’elle devra absorber 1 012 hectares de terrain au cours des cinq prochaines années pour répondre aux besoins de logement en raison de l’augmentation de la population.

« Nous n’avons pas les moyens d’acheter le terrain que nous avions ciblé pour prendre de l’expansion, explique M. Chitwood. Ce sont les promoteurs et les sociétés d’investissement qui vont se l’accaparer. » 

De nombreux voisins de M. Chitwood ont choisi de vendre leur lot à la Ville de Calgary et de déménager. Lui et son frère ont la trentaine. Aucun n’envisage un changement majeur dans ses activités au cours des 10 prochaines années. Ils s’inquiètent néanmoins du fait que les prix des terrains continueront de gonfler, ce qui contrecarrera leurs ambitions de croissance.

Si la tendance actuelle se maintient, à savoir la concentration des terres agricoles dans les mains de grandes entreprises, la location de terres pourrait devenir la seule option pour les petites exploitations comme celle de M. Chitwood.

Cette histoire est aussi celle de Sean Stanford, qui vit dans le sud de la province. L’exploitant cultive ses propres terres près de Lethbridge depuis 2004 et travaille comme mécanicien dans l’entre-deux saisons. Il aimerait vivre exclusivement de l’agriculture, mais son rêve tarde à se réaliser. Bien que son frère, son père et lui exploitent chacun leurs propres terres, ils partagent leur matériel et s’entraident.

Avec un si grand nombre d’exploitants appelés à prendre leur retraite, M. Stanford entrevoit deux scénarios. On pourrait s’attendre à ce que plus de terrains soient disponibles pour que des entreprises comme la sienne puissent se développer. Dans les faits, ce sont plutôt les grandes exploitations qui feront main basse sur cette nouvelle manne.

« Lorsque les plans de relève se résument à la vente des terres, celles-ci sont cédées au plus offrant, explique M. Stanford. Et il y a surenchère. »

L’exploitation de M. Stanford est entourée de plusieurs grandes exploitations. Il a constamment l’impression d’être le dernier à être informé des occasions de location ou d’achat. Bien qu’il essaie d’entretenir des relations de voisinage plus étroites, les nouvelles lui parviennent toujours en décalé.

« Démarrer seul une exploitation agricole au sens traditionnel du terme n’est [peut-être] même plus possible. »

Les données du Recensement de l’agriculture de 2021 de Statistique Canada ont révélé que les exploitations réalisant plus de 2 millions de dollars de bénéfices représentent désormais la moitié des exploitations agricoles canadiennes. Le nombre d’exploitations de petite et moyenne taille diminue. 

Les fermes exploitées et dirigées par des agriculteurs s’efforcent de passer le flambeau à la relève, laquelle doit tenter de tirer parti d’un patrimoine de 30, 50, voire 100 ans, sans alourdir le flux de trésorerie ni créer un fardeau fiscal insoutenable.

Les agriculteurs ont besoin du produit de la vente de leurs actifs agricoles pour financer leur retraite et le transfert de leur patrimoine. Deux solutions s’offrent à eux : vendre à une grande société ou recevoir un apport financier considérable de la part de la génération suivante.

Lancer une entreprise agricole ou reprendre une ferme existante est presque impossible en raison des coûts de démarrage exorbitants. Il faut être disposé à investir un capital important.

Dans un article paru dans Sustainable Agricultural Innovation & Food (en anglais seulement), Chelsea Sutherland ventile les coûts liés au démarrage d’une activité agricole. Le prix moyen d’une terre en Saskatchewan était de 1 943 $ l’acre en 2019. En tenant compte du capital initial et des intérêts, le coût moyen est de 1,4 M$ par section. Statistique Canada rapporte une hausse de la valeur marchande de 22,7 % entre 2016 et 2021. 

Vient ensuite le matériel, dont la location coûterait 334 105 $ par année, tandis que l’achat de matériel d’occasion s’élèverait à 572 477 $, selon Mme Sutherland. Elle a également estimé les coûts des intrants variables à 303,91 $ l’acre pour le canola et à 174,42 $ l’acre pour le blé.

Il convient de noter que ces calculs ne tiennent pas compte des services nécessaires au fonctionnement comme l’électricité, l’eau et le carburant. Ils ne comprennent pas non plus les bâtiments agricoles ni les outils agricoles courants. 

Mme Sutherland conclut que l’exploitation se retrouverait en déficit pendant des années, même si elle affichait des rendements optimaux et obtenait des prix élevés pour ses céréales.

« Démarrer une exploitation agricole en solo, au sens traditionnel du terme, n’est [peut-être] même plus possible aujourd’hui », croit-elle.

Elle cite de nombreux exemples d’agriculteurs qui ont démarré modestement et qui ont réussi à se développer sur des marchés à créneaux et à se diversifier. C’est là une lueur d’espoir. 

Ryan Kehrig, conseiller fiscal chez MNP, note que ce problème ne fera que s’aggraver dans les années à venir. Sans un apport initial important en capital, estime-t-il, toute personne souhaitant se lancer en agriculture se fera rire au nez par les banques. 

Les marges ont toujours été étroites en agriculture et s’amenuisent encore. La pression vient de toutes parts : augmentation du coût des intrants, imprévisibilité des marchés, fossé générationnel inflationniste et coûts d’emprunt les plus élevés depuis plus d’une décennie. 

Selon Statistique Canada, le coût des intrants a augmenté de 4,5 % au premier trimestre de 2022 par rapport à 2021. Le seul mois d’avril 2022 a connu une augmentation de près de 20 % par rapport à avril 2021. En octobre 2022, la hausse par rapport à l’année précédente était d’environ 10,1 %.

Heureusement, ces coûts peuvent diminuer. D’un autre côté, les investissements dans la technologie, les infrastructures et les machines, plus ou moins nécessaires, sont beaucoup moins affectés par les fluctuations du marché que les aliments pour animaux, le carburant et les engrais. Lorsque ces coûts augmentent, ils ne baissent généralement pas. Même si les prix de la viande bovine, des céréales et d’autres produits augmentent suffisamment pour que les agriculteurs atteignent le seuil de rentabilité relativement aux intrants, l’incidence globale sur le coût de production est importante, ce qui rend l’agriculture beaucoup moins rentable. 

Les exploitants sont également touchés de manière disproportionnée par les taxes sur le carbone. L’agriculture est une activité particulièrement énergivore. Or, le régime fiscal actuel entraînera une hausse annuelle des dépenses énergétiques liées à cette activité jusqu’en 2030. 

Ensemble, ces enjeux font peser un fardeau supplémentaire sur les producteurs canadiens tout en limitant leurs perspectives de gains.

Au Canada, seulement 45,6 % des foyers ruraux ont accès à Internet haute vitesse, contre 98,6 % des foyers urbains.

Les municipalités trouveront également beaucoup d’intérêt au rapport de la RBC. En effet, les investissements agricoles permettent à celles-ci de financer des services comme la police, les télécommunications, les soins de santé et l’éducation. Dans les communautés rurales, où vivent les agriculteurs et leur famille, le maintien de ces services constitue toujours un défi.

Les gouvernements offrent différents types de soutien aux agriculteurs, mais les programmes actuels ne sont souvent pas assez généreux pour soutenir le secteur ou les communautés rurales et isolées.

La Saskatchewan a adhéré au Partenariat canadien pour l’agriculture, qui est devenu le Partenariat canadien pour une agriculture durable en avril 2023. Dans le cadre de cet accord quinquennal, le gouvernement a mis sur la table une enveloppe supplémentaire de 3,5 G$, dont plus de 85 % sont réservés à des projets assortis d’une participation aux coûts et à des programmes/activités de compétence fédérale.

Même avec l’aide promise, les municipalités peinent à absorber l’augmentation des coûts des infrastructures nouvelles et existantes, y compris pour les services de télécommunications. 

« Le soutien est insuffisant en milieu rural en Saskatchewan, dit Ray Orb, président de la Saskatchewan Association of Rural Municipalities (SARM) et préfet de la municipalité rurale (MR) de Cupar. Même les coûts d’ingénierie d’une route ou d’un pont sont devenus insoutenables pour les municipalités rurales. Les gouvernements fédéral et provincial doivent en être conscients. »

Les routes rurales du Canada s’étendent sur 62 101 kilomètres, et les voies artérielles, routes collectrices et routes locales sur plus d’un demi-million de kilomètres. Des travaux d’entretien et de maintenance sont nécessaires, et ce n’est là qu’un fragment des dépenses d’infrastructure qui doivent être financées et gérées par les municipalités. 

Selon le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, 88,8 % des grandes routes et autoroutes canadiennes sont couvertes par la technologie LTE. L’accès à Internet en milieu rural est un sujet de discussion récurrent depuis des années. Seulement 45,6 % des foyers ruraux ont accès à Internet haute vitesse, contre 98,6 % des foyers urbains. 

Tous les paliers de gouvernement devraient mettre la main au portefeuille pour s’attaquer à ce problème. 

La génération sortante doit se préparer à soutenir financièrement la relève lorsqu’elle héritera de l’exploitation familiale.

Mesure 1 : Planifier la relève

La planification de la relève est la clé pour assurer la continuité d’une génération à l’autre. Les discussions à ce sujet devraient avoir lieu le plus tôt possible.  

Trevor MacLean, conseiller agricole, estime qu’il est impératif que la nouvelle génération ait un portrait global de l’entreprise avant d’en prendre les rênes. Elle doit comprendre clairement les avantages, les inconvénients et les différents angles de cette décision. Elle doit également pouvoir naviguer dans la gestion de l’ensemble des risques liés à l’exploitation de l’entreprise.  

Compte tenu des nombreux obstacles financiers qui empêchent les jeunes de se lancer dans l’agriculture, la génération sortante doit être prête à soutenir financièrement la relève lorsqu’elle héritera de l’exploitation familiale. 

« Si l’exploitation peut se le permettre et qu’un accord financier satisfaisant peut être trouvé entre les propriétaires actuels et la prochaine génération, ce soutien peut faire toute la différence. Cependant, il y a des risques, et les détails de tout financement doivent être soigneusement planifiés et clairement établis », explique Trevor McLean.  

Il met de l’avant l’importance d’une communication claire et ouverte, en plus de la nécessité de consigner par écrit les obligations et les attentes de la famille et de l’entreprise lors du passage du flambeau à la prochaine génération. Un tel plan doit également s’adapter aux modifications réglementaires et aux exigences fiscales. En fait, les familles sont déjà exposées à trop de risques, d’où l’importance d’éviter les raccourcis dans la rédaction du plan de relève.  

« [Les exploitants à l’aube de leur retraite] ne peuvent plus garder leur grand livre dans leur poche. » 

Un conseiller impartial, à l’instar de Trevor MacLean, peut contribuer à entamer, à enrichir et à conclure des discussions incontournables. Celui-ci a une vision globale des choses, généralement plus pragmatique que la famille, dont les membres peuvent voir les choses à travers le prisme de leurs propres préjugés et opinions. En revanche, les conseillers se concentrent sur ce qui est réaliste et bénéfique pour l’entreprise.

Les institutions financières devraient réexaminer leur manière de considérer la clientèle, en mettant de côté leurs préjugés quant aux profils de « bons » et de « mauvais » emprunteurs.

Mesure 2 : Les institutions financières doivent changer de perspective

Stuart Person estime toutefois qu’il faut faire davantage sur le plan de la littératie financière afin que les exploitants puissent prévoir les hauts et les bas de l’agriculture et ainsi prendre des décisions éclairées du point de vue financier. Si les prêteurs veulent aider les jeunes agriculteurs grâce à des fonds supplémentaires, toutes les parties doivent s’asseoir autour de la table et élaborer un plan de gestion des risques.

Les institutions financières devraient réexaminer leur manière de considérer la clientèle, en mettant de côté leurs préjugés concernant les profils du « bon emprunteur » et du « mauvais emprunteur ». Elles doivent fonder leurs décisions de prêt sur d’autres éléments que les seuls actifs des clients, entre autres les assurances et les garanties mises en place pour consolider leurs finances en cas de catastrophe. 

« Il arrive aussi qu’un emprunteur représente un risque faible pour l’institution financière, mais que les garanties offertes ne soient pas au goût de celle-ci, explique Stuart Person. Le scénario de risque prévu se révèle parfois fort différent du risque réel. » 

Les prêteurs doivent fonder leurs décisions sur des données financières fiables. Stuart Person constate toutefois que la prudence excessive qui caractérise les institutions financières bloque souvent les ambitions d’exploitations agricoles pourtant viables. En tant que conseiller, il estime que cette situation est frustrante, car elle réduit le nombre de solutions que peut proposer MNP à ses clients. 

Qu’ils soient dans le métier depuis 2 ou 20 ans, les agriculteurs savent qu’ils doivent s’entourer de personnes compétentes : agronomes, spécialistes du matériel agricole, professionnels du droit, etc. Nombreux sont ceux qui gagneraient à ajouter à cette liste des conseillers d’affaires dignes de confiance, qui sont des ressources essentielles pour les aider à atteindre leurs objectifs.

Les problèmes financiers sont la principale source de stress et de problèmes de santé mentale dans le secteur agricole. L’amélioration des connaissances financières dans l’ensemble du secteur et une solide planification financière peuvent sauver les exploitants agricoles et leurs familles. 

Selon Trevor MacLean, aborder les enjeux financiers de l’entreprise en discutant avec sa famille et obtenir une aide extérieure pour planifier le transfert à la génération suivante permettent aux exploitants d’atténuer le stress associé à cette étape charnière. Les agriculteurs n’ont plus à porter seuls ce fardeau. L’agriculture évolue. Quel sera l’avenir de l’exploitation familiale? 

« Parlez-en. Parce qu’il y a des risques. Les nombreuses parties prenantes devront trouver un nouveau modèle agricole porteur. » 

« Ce serait bien d’avoir un certificat qui dirait que je suis capable de conduire une moissonneuse-batteuse, un tracteur ou un pulvérisateur. »

Mesure 3 : Les législateurs doivent prioriser les mesures visant à assurer la pérennité des exploitations agricoles familiales.

Ray Orb a affirmé que la SARM exerçait des pressions sur le gouvernement provincial en vue de créer plus de programmes de formation, mais il a l’impression de gravir une montagne infranchissable. Bien que des efforts aient été déployés, on constate malheureusement que les projets financés par le passé n’ont pas atteint leurs objectifs, ce qui incite certaines personnes à douter de leur importance aux yeux des décideurs politiques.  

Il convient cependant de se demander pourquoi l’engagement fait défaut. Le manque d’intérêt ou de besoin pourrait expliquer cet état de fait. Ou peut-être que les personnes concernées ne savent tout simplement pas que telles possibilités leur sont offertes.  

La formation contribuerait grandement à renforcer la confiance des agriculteurs et à lever les obstacles à l’entrée d’une profession coûteuse et de plus en plus complexe. Les exploitations agricoles ont atteint des tailles sans précédent, à l’instar de la machinerie nécessaire à leur fonctionnement. 

« Beaucoup d’agriculteurs possèdent aujourd’hui de grosses machines coûteuses qu’ils ne veulent pas mettre entre les mains de gens sans expérience, indique Ray Orb. Ce serait bien d’avoir un certificat qui dirait qu’un tel est apte à conduire une moissonneuse-batteuse, un tracteur ou un pulvérisateur. » 

Le gouvernement du Canada a prolongé son programme pilote sur l’agroalimentaire jusqu’en 2025. Le programme tente de ménager une voie d’accès pour les nouveaux venus et les travailleurs étrangers temporaires afin de combler les pénuries de main-d’œuvre dans les secteurs de l’agroalimentaire, en mettant l’accent sur l’expérience professionnelle et les compétences linguistiques. Si le programme atteint le seuil maximal de 2 750 candidats par an, il pourrait contribuer à créer un bassin de 27 500 nouveaux travailleurs dans des emplois précis du secteur agroalimentaire d’ici 2030.

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Mesure 4 : L’éducation : essentielle

Trevor MacLean estime que les clivages entre zones urbaines et rurales accentuent les obstacles à l’entrée. Et cet enjeu diffère d’une communauté à l’autre. Malheureusement, selon lui, l’harmonie n’est pas reine dans nos campagnes. 

Des conflits surgissent lorsque l’argent des villes afflue dans les communautés rurales. Il convient de poursuivre les discussions afin de combler le fossé entre régions urbaines et rurales, de manière à ce que tout le monde saisisse l’importance des pratiques agricoles, notamment pour les zones urbaines. 

« Certaines pratiques sont durables. Prenons l’exemple de l’épandage de fumier sur les terres agricoles. Oui, ça pue et c’est sale, c’est indubitable, mais c’est une pratique de recyclage naturel. » 

Différentes formes d’éducation et de sensibilisation aux enjeux de l’agriculture pourraient apporter de l’eau au moulin de nombreux enjeux : informer les personnes extérieures au secteur agricole en diffusant des actualités et des publicités communautaires, intégrer des programmes agricoles dans les écoles secondaires le plus tôt possible, former l’industrie à la littératie financière et fiscale, etc.

« Notre contribution à l’économie du pays est considérable et notre apport à la sensibilisation du grand public doit l’être tout autant », affirme Trevor MacLean. Le secteur doit s’efforcer de combler le fossé entre les perceptions du public et du gouvernement et la réalité de ses activités. 

Plus les gens connaissent le monde de l’agriculture, plus ils seront en mesure d’en saisir toute l’importance. Les grandes et les petites exploitations devraient trouver des moyens d’appuyer les possibilités de sensibilisation et de raconter l’histoire de l’agriculture au Canada. Les agriculteurs et les acteurs de l’industrie agricole sont dans le même bateau. Aider les uns, c’est aider les autres, surtout lorsqu’il s’agit de maintenir une agriculture forte et viable dans les régions rurales du pays. 

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