Éoliennes sur une colline brumeuse.

Risques liés aux ESG : dompter l’incertitude pour un avenir durable

Risques liés aux ESG : dompter l’incertitude pour un avenir durable

Résumé
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Devant une pression croissante pour changer d’optique, les organisations canadiennes doivent maintenant envisager les facteurs ESG comme un avantage, plutôt qu’un simple exercice de conformité.

Cet article se penche sur les risques, les obstacles et les possibilités concrètes entourant les facteurs ESG – des dilemmes liés à la DEI en passant par les responsabilités du conseil d’administration et les changements réglementaires.

Il ne s’agit pas d’un simple enjeu de conformité, mais d’un défi d’affaires fondamental.

D’ici 2026, on s’attend à ce que votre entreprise fasse plus que jamais l’objet d’une surveillance étroite de ses efforts de durabilité, de son apport social et de sa transparence sur le plan de la gouvernance.

Même si les stratégies ESG étaient vues au départ comme un chemin vers la responsabilité des entreprises et la résilience à long terme, elles sont en réalité beaucoup plus complexes.

Les investissements ESG ne s’alignent pas toujours sur les rendements des actionnaires, ce qui peut causer de la frustration au sein des conseils d’administration devant des politiques contraignantes (comme le projet de loi C-59), des réglementations changeantes et des hausses de coûts. La transition vers la carboneutralité, un objectif de nombreuses organisations dans les dernières années, a grandement ralenti en raison de budgets plus serrés, de règles complexes et de contraintes liées aux obligations de conformité. À l’échelle mondiale, les maigres efforts de certains, en particulier des pays qui sont de grands émetteurs et qui ralentissent le progrès, ont ajouté à la frustration.

À la fois un risque et une occasion

Seulement en 2024, plus de 3,4 millions d’hectares ont été calcinés par des feux de forêt, celui de Jasper ayant entraîné près de 880 $ millions de dollars de dommages assurés. Des événements de ce type représentent des catastrophes environnementales, mais aussi financières.

Une bonne partie des plus grandes entreprises canadiennes sont toujours en mode rattrapage. Une revue de plus de 250 rapports d’entreprise sur le développement durable a permis de constater que la plupart d’entre elles ne quantifiaient pas financièrement leurs risques climatiques ou n’intégraient pas complètement les facteurs ESG à leurs stratégies.

La question à se poser est la suivante : y a-t-il un risque que les entreprises ne soient pas conformes à ce que propose le projet de loi C-59 ou y a-t-il là une occasion de réécrire ce projet de loi?

L’aspect social

La composante sociale des facteurs ESG constitue un impératif pour les entreprises. La façon dont les organisations répondent aux attentes du public, des communautés et de la société fait l’objet d’une surveillance de plus en plus serrée.

Les droits autochtones et la réconciliation demeurent un enjeu de grande importance au Canada. Les entreprises qui exercent leurs activités sur des terres autochtones ou à proximité de celles-ci doivent bien gérer les risques en lien avec l’utilisation des terres, la conservation de la culture et la confiance. Au-delà de la conformité, la concertation et les partenariats avec les communautés autochtones représentent une condition élémentaire aux yeux des organismes de réglementation, mais aussi du public.

Par ailleurs, les entreprises sont à la croisée des chemins en ce qui a trait à leurs efforts de DEI (diversité, équité et inclusion). Les États-Unis ayant renoncé à leurs engagements officiels de DEI, les organisations canadiennes se retrouvent aux prises avec des questionnements sur l’avenir de la DEI.

Cela étant dit, la DEI reste une attente fondamentale que le public, surtout les travailleurs et clients plus jeunes qui veulent voir d’authentiques progrès de la part des entreprises. Échouer dans la défense de ces valeurs peut miner votre réputation et la confiance que vous inspirez, en plus de limiter votre accès aux talents.

Une gouvernance de plus en plus dans la ligne de mire

À mesure que les obligations d’information ESG se resserrent, les risques de faible gouvernance augmentent.

Les organisations sont soumises à la pression de produire de l’information ESG uniforme et transparente. Celles qui n’y parviennent pas, que ce soit par omission, non-concordance ou écoblanchiment, encourent des sanctions réglementaires ou des atteintes à leur réputation.

Parallèlement, il faut que les conseils d’administration soient assujettis à un niveau d’imputabilité plus élevé que jamais. Le manque de surveillance ou d’engagement notable est inexcusable. Les conseils d’administration doivent non seulement comprendre les risques émergents, mais également participer activement aux choix de gestion de ces risques.

En outre, il y a augmentation du risque ou de la responsabilité en lien avec les obligations réglementaires ou juridiques. Qu’elles échouent à atteindre leurs cibles climatiques ou à fournir des indicateurs de diversité, les organisations sont tenues de rendre des comptes. Des structures de gouvernance solides, une attribution claire des responsabilités, une stratégie détaillée et un conseil jouant un rôle actif sont nécessaires pour contrer les difficultés financières et d’exploitation.

Les chefs de la direction canadiens semblent prendre les facteurs ESG plus au sérieux que leurs pairs à l’échelle mondiale : ils sont 29 % à les considérer comme une haute priorité, selon un sondage. Cela étant dit, le manque de préparation aux obligations d’information sur les facteurs ESG pourrait exposer les entreprises à des risques liés à la réglementation, à la réputation et à l’exploitation.

Malgré ces signaux d’alarme, il y a encore beaucoup d’optimisme. Les initiatives ESG ont déjà commencé à améliorer les choses au Canada, que l’on pense aux progrès en innovation ou en développement durable. Toutefois, pour que ces efforts débouchent sur de la valeur à long terme, les entreprises doivent traiter les facteurs ESG à la fois comme une occasion et un risque. Ce qui veut dire sensibiliser, améliorer la production d’information et prendre des mesures proactives pour aligner la stratégie sur l’action.

Risques à surveiller

Risques environnementaux

Conséquences des changements climatiques : une plus grande fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes (comme des feux de forêt, des inondations et des canicules) perturbe les activités et les chaînes d’approvisionnement, particulièrement dans les secteurs exigeant énormément de ressources.

Risque de transition ratée vers la carboneutralité : une réglementation des émissions et un cadre d’établissement du prix du carbone plus contraignants pourraient hausser les coûts d’exploitation des entreprises qui échouent dans leurs efforts de décarbonisation.

Perte de la biodiversité et rareté des ressources : la diminution des ressources naturelles et la perte de la biodiversité entraînent des risques à long terme pour les secteurs qui dépendent de terres, de l’eau et de l’énergie.

Allégations d’écoblanchiment : les entreprises qui surévaluent ou donnent une image inexacte de leurs efforts ESG s’exposent à des atteintes à leur réputation, à des sanctions réglementaires et à une levée de boucliers de la part des consommateurs.

Risques sociaux

Droits autochtones et réconciliation : les entreprises qui exercent leurs activités sur des terres autochtones ou à proximité de celles-ci s’exposent à des risques liés à des revendications territoriales ou aux relations avec la communauté, ainsi qu’à une attention accrue du public et du milieu juridique.

Diversité, équité et inclusion (DEI) : des stratégies de DEI faibles et un non-respect des engagements peuvent occasionner un roulement de personnel, des difficultés à attirer les talents et des atteintes à la réputation.

Relations de travail et bien-être des effectifs : une mauvaise gestion des enjeux de salaires équitables, de santé mentale et de conditions de travail pourrait se révéler problématique pour les employeurs, surtout dans les secteurs à grand roulement.

Risques de gouvernance

Présentation d’information ESG et conformité : de l’information ESG erronée ou incohérente peut conduire à des pénalités en vertu des normes nationales et mondiales changeantes de présentation d’information.

Imputabilité du conseil d’administration : de faibles pratiques de gouvernance à l’égard des priorités ESG, comme un manque de supervision de la part du conseil ou d’engagement de la part des parties prenantes, peuvent mener à de l’activisme actionnarial ou à des atteintes à la réputation.

Responsabilités réglementaires ou juridiques : une augmentation du nombre de poursuites et une intensification de la surveillance des organismes de réglementation pour ne pas avoir rempli des engagements ESG pourraient accroître les risques financiers et d’exploitation.

Stratégies d’atténuation des risques

  • Élaborer un plan d’adaptation aux changements climatiques
  • Renforcer la présentation d’information ESG
  • Travailler de concert avec les communautés autochtones
  • Réaliser l’audit des chaînes d’approvisionnement
  • Améliorer la surveillance exercée par le conseil d’administration
  • Investir dans l’innovation écologique
  • Se préparer à la gestion de crise
  • Se concerter de façon proactive avec les parties prenantes
  • Surveiller les risques juridiques et réglementaires

Questions à se poser :

  • Votre organisation a-t-elle établi ce qu’elle était en mesure de déclarer publiquement pour se conformer au projet de loi C-59 et quelles informations nécessitent une vérification plus poussée?
  • Depuis que votre organisation s’est fixé des cibles ESG officielles, quels ont été les plus gros risques? Quels changements avez-vous faits pour atténuer ces risques?
  • Où votre organisation se classe-t-elle quant à l’adoption de mesures pertinentes relatives aux facteurs ESG? Vos plus grandes forces ou faiblesses sont-elles susceptibles de devenir un avantage ou un désavantage concurrentiel?
  • À quel point êtes-vous prêts à vous occuper des nouvelles politiques et réglementations gouvernementales sur les facteurs ESG? Un mandat officiel de suivi de ces exigences a-t-il été confié à quelqu’un?

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