Connaissez-vous les signes de fraude et savez-vous les repérer dans votre entreprise? Selon l’Association of Certified Fraud Examiners (ACFE), il y a dans la plupart des cas au moins un élément qui permet de déceler qu’une fraude est en train d’être commise. Savoir les détecter tôt peut atténuer les répercussions du délit.
Les résultats d’un récent sondage réalisé par MNP révèlent que les fraudes qui inquiètent surtout ses répondants ne sont pas celles dont ils pourraient vraisemblablement être la cible. Une proportion de 53 % des sondés s’est accordé une note entre 7 et 8 sur 10 pour la qualité de ses contrôles internes. Or, la méconnaissance des véritables risques de fraude qui menacent leur entreprise pourrait nuire à la reconnaissance des failles et des points faibles des dispositifs en place.
Cet article examine les signes les plus courants de fraude et les mesures à mettre en place pour renforcer les contrôles internes. Il se penche également sur le cas d’une organisation qui a demandé à l’équipe Juricomptabilité, enquêtes et litiges de MNP d’enquêter sur une fraude soupçonnée.
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Étude de cas : un employé est visé par une enquête pour fraude en raison de comportements suspects
Pour repérer les fraudes et atténuer leurs répercussions, il faut savoir en reconnaître les signes. Dans sa publication Report to the Nations de 2024, l’ACFE affirme que les entreprises ont subi une perte médiane de 150 000 $ US à des fraudeurs dont le comportement révélait au moins une anomalie préoccupante.
Dans l’étude de cas présentée ci-après, une organisation fait appel à l’équipe Juricomptabilité, enquêtes et litiges de MNP après avoir détecté une potentielle fraude financière.
La situation
Un employé de longue date occupant un poste de confiance a attiré l’attention du propriétaire et dirigeant d’une organisation après la découverte de suppressions de documents électroniques et d’incohérences dans les rapports internes. Le soupçonnant de détournement d’actifs, le dirigeant questionne l’employé et se heurte à son silence et à ses réponses vagues. Celui-ci semble mal à l’aise, se montre visiblement réticent à coopérer et prend tout son temps pour produire les documents qu’on lui demande (ou ne les produit tout simplement pas). Une enquête interne sur ses activités est donc lancée.
Intervention de MNP
L’équipe Juricomptabilité, enquêtes et litiges de MNP, à qui on a demandé de mener l’enquête, a commencé par examiner la trésorerie, les cartes de crédit, les prêts et les autres paiements de l’entreprise. Elle a ensuite effectué une analyse des dépenses et des mouvements dans la trésorerie, mené des entretiens et appliqué des procédures juri-informatiques qui ont notamment visé les courriels et les appareils électroniques.
L’enquête a permis de conclure que l’employé faisait depuis 7 ans des virements non autorisés à des comptes personnels et une utilisation personnelle des cartes de crédit de l’organisation. Pour cacher ces détournements, il comptabilisait au nom du propriétaire des prêts fictifs aux actionnaires. L’enquête a aussi montré que la fraude s’était intensifiée dans les années suivant son divorce.
L’équipe a préparé un rapport complet qui a été déposé devant la cour et a comparu au procès à titre de témoin expert.
Éléments qui signalent une fraude financière
En étant attentif aux signes, on peut vite enrayer une fraude avant que les pertes financières ne s’accumulent. Dans son Report to the Nations de 2024, l’ACFE souligne que 84 % des fraudeurs adoptent au moins un des comportements suivants.
Vivre au-dessus de ses moyens
Selon l’ACFE, ce comportement est celui qui dénote le plus fréquemment une fraude. Dans bon nombre de cas répertoriés, les malfaiteurs faisaient des dépenses à la fois extravagantes et incompatibles avec leur salaire ou leurs revenus connus, ce qui donnait à penser qu’ils touchaient de l’argent par d’autres moyens, par exemple des actes frauduleux.
Ces personnes sont souvent contraintes à des fraudes plus importantes et plus risquées pour maintenir un nouveau train de vie qui est difficile à camoufler et qui se révèle par conséquent comme étant l’un des indices de fraude les plus fiables.
Avoir des difficultés financières
Les difficultés financières occupent le deuxième rang des signes de fraude les plus courants. Il peut s’agir de dettes personnelles importantes, de dépenses médicales inattendues ou de frais juridiques liés à un divorce ou à une séparation. Pour recevoir une bonification de leur rémunération, certains fraudeurs peuvent trafiquer des états financiers pour donner l’impression qu’une organisation a atteint ses objectifs financiers malgré une conjoncture économique difficile.
Ces situations peuvent exercer des pressions appréciables sur une personne et l’inciter à la fraude pour les résoudre. Ces pressions sont l’un des côtés du triangle de la fraude, que les circonstances favorables et les rationalisations viennent compléter. Dans une entreprise, l’évaluation des contrôles et la mise en œuvre de mesures strictes peuvent décourager les fraudes.
Entretenir des relations étroites avec les fournisseurs et les clients
Selon l’ACFE, 20 % des personnes qui commettent une fraude entretiennent une relation étroite inhabituelle avec un fournisseur ou un client. On observe fréquemment ce type de relation dans les stratagèmes d’approvisionnement qui impliquent un coupable à l’interne ou des complices à l’interne et à l’externe qui agissent par appât du gain.
Pour atténuer ce risque de fraude financière, il faut mettre en œuvre des contrôles internes stricts, y compris la séparation des tâches pour éviter qu’une seule personne ne soit responsable de l’approbation des contrats, de la sélection des fournisseurs et du traitement des paiements. Pour une proportion inquiétante de 95 % des répondants au récent sondage réalisé par MNP, cette séparation ne faisait pas partie des moyens déployés pour lutter contre la fraude.
Manifester une volonté de contrôle
Selon l’ACFE, 13 % des personnes ayant commis une fraude manifestaient une volonté de contrôle ou une réticence à partager leurs responsabilités avec d’autres membres de leur organisation. Cette centralisation des pouvoirs rend la découverte des irrégularités financières plus difficile, permet aux fraudeurs de les camoufler et de continuer de commettre des méfaits.
Des mesures comme imposer la rotation des postes ou des fonctions et rendre obligatoire la prise de vacances et de congés sont certaines des stratégies simples, mais efficaces, qu’une entreprise peut mettre en œuvre pour se protéger. Or, selon le récent sondage de MNP, ce sont celles que les organisations appliquent le moins souvent, ce qui les rend vulnérables aux fraudes.
Prochaines étapes
Prévenir les pertes financières et les atteintes à la réputation passe par la prise d’action immédiate, dès l’apparition des signaux d’alerte. En cas d’irrégularités, de signes inquiétants ou de soupçons d’abus, un juricomptable peut vous aider à déterminer si une fraude a été commise.
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