femme en chemise rouge poussant un caddie à l'épicerie

Droits de douane américains : la tempête qui bouscule le secteur de la transformation alimentaire au Canada

Droits de douane américains : la tempête qui bouscule le secteur de la transformation alimentaire au Canada

Résumé
7 minutes de lecture

Les mesures tarifaires imposées par les États-Unis continuent de semer l’incertitude dans le secteur de la transformation alimentaire. Plusieurs entreprises revoient leurs stratégies pour limiter leurs pertes et demeurer concurrentielles dans un environnement instable. Dans cet article :

  • Portrait du secteur de la transformation alimentaire
  • Aperçu des tendances qui se dessinent dans le secteur
  • Réponse du secteur de la transformation alimentaire aux droits de douane américains
  • Stratégies pour atténuer l’incidence des droits de douane sur votre entreprise
Directeur général

Les mesures tarifaires imposées par les États-Unis continuent de semer l’incertitude dans le secteur de la transformation alimentaire. Ce que plusieurs considéraient comme une manœuvre de négociation passagère s’avère aujourd’hui une réalité persistante qui, des mois plus tard, pèse lourdement sur les entreprises d’ici. Résultat : l’attente cède le pas à l’action. Plusieurs organisations reconnaissent que ces mesures risquent de durer et revoient leurs stratégies pour limiter leurs pertes et demeurer concurrentielles dans un environnement instable.

Explorons les tendances qui redéfinissent le secteur, les répercussions sur les entreprises qui le composent et les solutions déployées en réponse au changement.

Portrait du secteur de la transformation alimentaire

Les répercussions se résument en deux mots : volatilité et coûts. Les droits de douane ont engendré une fluctuation marquée dans les prix et ont fait grimper le coût des affaires aux États‑Unis pour les entreprises canadiennes.

Volatilité des prix

Les mesures tarifaires ont introduit une nouvelle dynamique. Alors qu’une soumission pouvait autrefois rester valide pendant 30 jours, les prix doivent aujourd’hui être révisés beaucoup plus souvent pour suivre les fluctuations actuelles.

Les entreprises qui dépendent des matières premières doivent ajuster leurs pratiques, à l’image des marchés à terme. Les commandes volumineuses se font plus rares et la gestion des stocks et du travail en cours devient plus méticuleuse, puisque chaque annonce de mesures tarifaires peut jouer sur le prix de vente final.

Hausse des coûts

Autrefois rentables des deux côtés de la frontière, plusieurs entreprises de transformation alimentaire peinent à suivre la cadence et certaines se retrouvent désormais à vendre à perte aux États-Unis en raison des mesures tarifaires.

Cette nouvelle réalité oblige bon nombre d’entre elles à repenser leurs stratégies pour s’adapter à cet environnement imprévisible. Elles se retrouvent souvent devant l’obligation de vendre à perte pour rester présentes sur ce marché stratégique, au prix de décisions difficiles et de pratiques commerciales insoutenables, faute de débouchés ailleurs.

Quelles tendances se dessinent dans le secteur?

Voici les principales tendances observées par nos conseillers MNP dans le secteur de la transformation alimentaire.

Mouvement « Achetez canadien »

Le mouvement « Achetez canadien » a renforcé la visibilité des produits d’ici. Les détaillants affichent fièrement les produits faits au pays et un nombre croissant de Canadiens et Canadiennes choisissent de soutenir les entreprises locales. Ce virage dans les habitudes des consommateurs aide les transformateurs canadiens à rester compétitifs, à maintenir leurs ventes et à conserver leurs parts de marché malgré les mesures tarifaires.

Différences régionales

Les répercussions des droits de douane varient selon la proximité avec la frontière américaine. Les entreprises situées près des États-Unis y expédiaient souvent l’essentiel de leurs produits en raison de leur avantage géographique.

Or, l’imposition des droits de douane a rendu l’opération non rentable pour beaucoup d’entre elles, entraînant d’importantes pertes de revenus. À l’inverse, celles situées plus loin et moins dépendantes du marché américain sont moins affectées.

Adaptabilité du secteur des produits de consommation emballés

Le secteur des produits de consommation emballés s’est montré plus résilient dans sa réponse aux droits de douane. Grâce à leur durée de conservation plus longue, ces produits sont plus faciles à exporter vers d’autres marchés que les denrées périssables. Cette flexibilité permet à plusieurs entreprises de s’adapter et d’explorer d’autres marchés en dehors des États-Unis.

Essor de l’industrie vinicole

L’arrêt de la vente de vins américains dans plusieurs provinces a fait grimper les ventes de vins canadiens, notamment pour les producteurs situés à Kelowna, dans le Lower Mainland et dans le sud-ouest de l’Ontario. Ces derniers pourraient toutefois devoir augmenter leur capacité afin de répondre à cet intérêt grandissant.

Nouvelles stratégies de croissance

Alors que la conquête du vaste marché américain était jadis synonyme de succès et de croissance, plusieurs entreprises choisissent aujourd’hui de revoir leurs stratégies et de se tourner vers de nouveaux horizons.

Réponse du secteur de la transformation alimentaire aux droits de douane américains

Les entreprises canadiennes déploient de nouvelles approches en réponse aux mesures tarifaires imposées par les États-Unis. Voici ce que nous observons dans le secteur :

Collaboration avec les chaînes d’approvisionnement

Plusieurs transformateurs travaillent avec leurs chaînes d’approvisionnement afin de répartir le fardeau financier des droits de douane entre les différentes parties. Les agriculteurs ajustent légèrement leurs prix, les fabricants réduisent leurs marges et les détaillants augmentent légèrement les prix à la consommation afin de partager les coûts équitablement.

Cet effort collectif permet aux entreprises de demeurer rentables tout en maintenant la qualité des produits et en préservant la confiance des clients.

Investissement dans l’efficience

Lorsqu’il n’est pas possible de répartir les coûts parmi les parties prenantes de la chaîne d’approvisionnement, les entreprises de transformation cherchent à optimiser leurs opérations pour offrir les mêmes produits tout en réduisant leurs dépenses.

Plusieurs d’entre elles se tournent vers l’intelligence artificielle, l’automatisation des processus, l’analytique et l’exploitation des données pour améliorer la fiabilité des prévisions et la gestion des stocks. En investissant dans l’efficience opérationnelle, les entreprises peuvent réduire leurs dépenses, rester compétitives et renforcer leur résilience face aux pressions économiques qui pèsent sur le secteur.

Évaluation de votre exposition aux risques

Prenez quelques minutes pour mieux comprendre votre exposition aux risques en raison des mesures tarifaires.

Regard sur l’avenir : atténuer l’incidence des droits de douane sur votre entreprise

Simulations de crise

Réaliser des simulations de crise peut vous aider à mieux comprendre les répercussions que pourraient avoir différentes mesures tarifaires sur votre entreprise. L’exercice consiste à simuler divers scénarios (si les droits de douane grimpaient à 35 % ou à 50 %, par exemple) pour en mesurer les effets sur vos coûts, vos prix et votre rentabilité. Il tient aussi compte de variables telles que la hausse des frais d’importation, la baisse des exportations et les changements dans les habitudes de consommation pour comprendre où vos opérations risquent d’être les plus affectées.

En outre, ces simulations vous aident à évaluer jusqu’où votre entreprise peut absorber les pressions financières avant que vos marges ne s’effritent et à identifier les produits, marchés et acteurs de votre chaîne d’approvisionnement qui seraient les plus durement touchés. Il s’agit de précieux renseignements qui vous serviront à mettre en place un plan d’urgence robuste pour résister aux perturbations causées par les droits de douane.

Analyse de sensibilité

Alors qu’une simulation de crise vous donne un portrait global de la résilience de votre entreprise et de ses limites, l’analyse de sensibilité montre à quels facteurs votre entreprise est la plus vulnérable et évalue l’ampleur des conséquences possibles.

En simulant divers scénarios, comme une hausse de 15 % des droits de douane ou une baisse de 10 % des ventes aux États-Unis, cet exercice vous présente différentes trajectoires financières. Ces données vous seront utiles pour cibler les risques critiques et prendre des mesures concrètes pour y répondre (des ajustements de prix, par exemple).

Suivi continu

Alors que la conjoncture continue d’évoluer, la vigilance est votre meilleur atout. Par ailleurs, le gouvernement du Canada a récemment annoncé le retrait des contre-mesures tarifaires du Canada sur les marchandises en provenance des États-Unis couvertes par l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), à compter du 1er septembre 2025. D’autres annonces suivront sans doute, et vous pouvez protéger votre entreprise et renforcer votre place sur le marché en vous tenant au fait des plus récents développements.

Notre page Indicateur de l’impact sur le commerce rassemble des ressources utiles pour vous aider à suivre l’évolution de la situation. Une autre bonne pratique consiste à mettre sur pied une équipe interne chargée de suivre les mises à jour pour vous assurer de réagir rapidement et judicieusement aux changements à venir.

Communiquez avec nous

Notre équipe est là pour vous, que ce soit pour décoder les nouvelles règles commerciales, évaluer votre exposition aux risques liés aux mesures tarifaires ou revoir votre stratégie transfrontalière. Communiquez avec un conseiller MNP pour obtenir des conseils avisés et des solutions concrètes qui aideront votre entreprise à traverser la tempête.

Patrick Khouzam

Directeur général

514-228-7874

1-888-861-9724

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Points de vue