Vue de l'hôtel Château Frontenac à Québec en hiver.

Efficacité et concertation en construction : les constats de la Conférence annuelle 2025 de l’ACC

Efficacité et concertation en construction : les constats de la Conférence annuelle 2025 de l’ACC

Résumé
8 minutes de lecture

La Conférence annuelle 2025 de l’ACC s’est tenue à un moment charnière pour le secteur canadien de la construction. Alors que la situation évoluait rapidement à Ottawa, les chefs de file du secteur se sont réunis à Québec pour se pencher sur leurs défis bien concrets : pénurie de main-d’œuvre, faible productivité et exigences croissantes liées à la durabilité. Au lieu d’attendre que l’incertitude s’estompe par elle-même, les participants se sont concentrés sur des moyens concrets d’améliorer leur situation : moderniser leurs techniques de construction, solidifier leurs partenariats et rester concurrentiels dans un environnement en constante évolution.

Tandis qu’un nouveau premier ministre était assermenté à Ottawa et que les tensions commerciales et le réalignement des politiques internationales dominaient l’actualité, les chefs de file du secteur de la construction de partout au Canada se sont réunis à Québec à l’occasion de la Conférence annuelle 2025 de l’Association canadienne de la construction (ACC).

Dans un contexte marqué par une grande incertitude économique et un changement de garde à l’échelle fédérale, le moment était tout indiqué pour échanger des idées, apprendre les uns des autres et réfléchir à l’avenir.

Québec, reconnue pour son heureux mariage de bâtiments patrimoniaux et de structures modernes, était le lieu parfait pour la tenue de l’événement. Alliant réalisme et optimisme, la conférence a mis en lumière les défis à venir, mais également les possibilités qui s’offrent aux membres du secteur s’ils travaillent de manière efficace et concertée.

Secouer les colonnes du temple

La conférence se voulait une occasion de regarder la vérité en face. L’un des constats les plus clairs est qu’un certain rattrapage s’impose pour le secteur canadien de la construction, surtout en matière de productivité.

Parmi les pays du G7, le Canada est bon dernier au chapitre de la productivité. Même si cet état de fait n’a surpris personne, son affirmation sans détour a éveillé les consciences. Aux États-Unis et dans certains pays européens, les entreprises de construction intègrent depuis longtemps à leurs pratiques des technologies de pointe fondées sur l’intelligence artificielle, la construction modulaire et des outils numériques de gestion de projets, mais le Canada accuse un net retard.

L’objectif n’était pas de rejeter la faute sur qui que ce soit, mais plutôt de mettre l’accent sur les occasions de croissance et sur l’importance de les saisir rapidement. En changeant leurs façons de travailler, les membres du secteur sauront améliorer leur productivité, diminuer leurs coûts et multiplier les projets.

Innover pour pallier la pénurie de main-d’œuvre

Partout au Canada, les entreprises du secteur de la construction peinent à recruter de la main-d’œuvre qualifiée. Cet enjeu n’est pas nouveau, mais force est de constater qu’il est accentué par les récents changements apportés aux politiques d’immigration, particulièrement celles qui visent à limiter le nombre de travailleurs étrangers.

Dans plusieurs régions, les travailleurs étrangers ont longtemps joué un rôle essentiel dans le secteur de la construction, aidant à répondre à la demande et à respecter les échéances. Leur apport sera désormais réduit. Les discussions lors de la conférence ont porté sur la manière de s’adapter à cette nouvelle réalité. Certaines entreprises se tournent vers la préfabrication et construisent des modules en usine qui peuvent être assemblés rapidement sur le chantier. D’autres optent pour l’automatisation et ont recours à des drones pour l’inspection, à des robots pour l’exécution des tâches répétitives, ou à des logiciels pour la planification et la réalisation de gains d’efficience.

L’idée n’était pas seulement de nommer les défis, mais de souligner les mesures prises pour les relever. Et la solution ne consiste pas seulement à travailler plus fort, mais mieux.

Déployer les outils innovateurs sur les chantiers

La technologie fait depuis longtemps l’objet de discussions dans le secteur de la construction, mais les ateliers de cette année ont montré que bon nombre d’entreprises utilisent concrètement les outils numériques.

Plusieurs conférenciers ont donné des exemples d’utilisation d’outils d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique pour optimiser la planification de projets, la gestion des risques et l’établissement de budgets. Le remplacement de blocs de béton par des composantes de plastique afin de réduire les coûts et les répercussions environnementales en est un exemple éloquent. Certaines entreprises ont également recours à des capteurs et à l’analytique prédictive pour anticiper les délais, améliorer la sécurité et surveiller l’utilisation des matériaux en temps réel.

Autre sujet chaud : les technologies de planification. Des outils de suivi en temps réel de toutes les étapes du cycle de vie d’un projet – budget, main-d’œuvre requise, délais d’approvisionnement, etc. – offrent une vue d’ensemble aux entreprises et facilitent la prise de décisions.

Que faut-il donc retenir? Une technologie peut être très efficace sans être tape-à-l’œil et, même les plus petites avancées, comme l’amélioration des processus de collecte de données ou la mise à jour d’un logiciel d’estimation, peuvent avoir de grandes répercussions.

Améliorer l’approvisionnement et répondre aux attentes plus élevées

Peu d’aspects du secteur de la construction sont aussi complexes – et nécessitent autant d’améliorations – que l’approvisionnement, un autre thème majeur de la conférence. Cette année, le ton était plus collaboratif, et pas seulement de la part du gouvernement.

Les participants ont discuté de stratégies novatrices, telles que la réalisation de projet intégrée, le mode « Conception-Construction modifié » et les nouvelles approches de partenariats public-privé fondées sur le partage des risques et une plus grande coopération entre toutes les parties concernées.

Un appel a également été lancé aux entreprises pour les encourager à soumissionner aux contrats publics. Une statistique se démarque à cet égard : l’an dernier, Construction de Défense Canada a octroyé des contrats d’une valeur totale de 10 G$, dont 22,5 % à des entreprises qui soumissionnaient pour la première fois et 8,3 % à des entreprises détenues par des membres de communautés autochtones. Ces données montrent clairement que l’approvisionnement devient plus inclusif et diversifié.

Mais ces avancées ont pour effet de hausser les attentes auxquelles les entreprises doivent répondre, particulièrement en ce qui a trait à la réduction de leur empreinte écologique, à la planification de la main-d’œuvre et à l’adoption de la technologie. Celles qui n’y parviennent pas risquent d’être laissées pour compte.

Appel à l’unité par le maire de Québec

Québec ne s’est pas contentée d’accueillir l’événement; elle y a donné le ton. Dans son discours d’ouverture, le maire a fait une déclaration qui a trouvé écho parmi de nombreux participants : les gouvernements et les entreprises du secteur de la construction doivent devenir des partenaires et non des adversaires.

En effet, les municipalités veulent réaliser des projets de construction plus complexes et plus imposants, mais plusieurs n’ont pas l’expertise requise en matière de planification ou ne disposent pas des ressources financières pour les mener à bien. Résultat : plusieurs projets sont, au mieux, repoussés, au pire, annulés.

Le message est clair : les parties doivent collaborer dès les premières étapes d’un projet pour définir de façon plus réaliste l’envergure de chacun, établir des budgets plus précis et assumer une responsabilité partagée. Tout le monde y gagne lorsque les fonds publics sont judicieusement utilisés et que les projets sont menés à terme.

Placer la durabilité au cœur des décisions

Le secteur de la construction ne peut plus se permettre de faire fi des enjeux environnementaux. Il est toujours responsable d’une grande part de l’empreinte carbone totale du Canada et les appels à l’adoption de pratiques plus durables et plus écologiques se font de plus en plus pressants.

De nombreuses innovations sont encourageantes, telles que l’insonorisation à base d’algues et l’isolation carboneutre. D’ailleurs, les entreprises récompensées lors de la remise des prix d’innovation se concentrent dans une large mesure sur les solutions écologiques.

Et les clients, notamment les gouvernements, en prennent bonne note. Des critères environnementaux ont été intégrés aux processus d’approvisionnement, et les entreprises qui n’en tiennent pas compte dans leurs soumissions risquent d’être écartées.

En résumé, la durabilité n’est pas seulement bonne pour la planète : elle est maintenant essentielle au succès des entreprises du secteur de la construction.

Se préparer pour l’avenir

Malgré l’incertitude qui plane sur les marchés, le ton de la conférence était optimiste. La plupart des participants s’entendent pour dire que le secteur de la construction est l’un des mieux placés pour aider le Canada à se démarquer sur la scène internationale.

La clé est de bien se préparer. Commencez par évaluer vos systèmes actuels. Avez-vous des outils numériques de pointe? Comprenez-vous l’importance des documents contractuels, comme les nouveaux contrats et les contrats modifiés du Comité canadien des documents de construction, et les avantages qu’ils comportent? Êtes-vous en mesure de répondre aux attentes toujours plus élevées relativement au suivi des effectifs, à la présentation d’informations sur les changements climatiques et à la transparence des projets?

Les entreprises qui investissent dès aujourd’hui dans leur préparation pourront plus facilement prendre la balle au bond lorsque la demande s’accélérera. Que ce soit pour construire des logements abordables, moderniser les infrastructures ou promouvoir le développement durable, les membres du secteur seront sur la ligne de front.

Mais pour ce faire, le secteur de la construction doit s’ouvrir au changement en renforçant ses capacités, en modernisant ses activités et en collaborant avec d’autres secteurs, particulièrement le secteur public qui doit composer avec des budgets restreints qui sont passés au peigne fin. Ce n’est pas le moment de ralentir la cadence en attendant que l’incertitude s’estompe par elle-même; c’est le temps de s’organiser, de penser de façon stratégique et de se relever les manches.

Si elle n’a pas offert des solutions toutes faites aux participants, la Conférence annuelle 2025 de l’ACC leur a communiqué des orientations. Les entreprises qui sortent du cadre, travaillent intelligemment et établissent des partenariats solides seront les mieux placées pour tirer leur épingle du jeu dans le prochain chapitre du secteur de la construction au Canada.

Eric Girard , CPA

Associé

514-861-9724

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[email protected]

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