Rapport sur le troisième trimestre de 2025
Le marché du financement canadien a connu une forte croissance au troisième trimestre de 2025. Depuis le début de l’année, le montant des prêts consentis s’est élevé à 1,8 billion de dollars, une augmentation de 10 % par rapport au troisième trimestre de 2024 qui s’explique par la demande en fonds additionnels, d’abord par le secteur de l’immobilier, puis par le secteur du commerce de détail et de gros.
Bay Street résiste à la turbulence tarifaire
Malgré l’incertitude découlant des droits de douane du « jour de la libération » et de la loi One Big Beautiful Bill Act, les marchés financiers canadiens ont livré une de leurs meilleures performances de mi-année en dix ans. Lors des six premiers mois de 2025, 502 transactions ont été conclues, pour un impressionnant total de 310 milliards de dollars. Cette activité est portée par une forte augmentation des fusions et acquisitions, des émissions de titres et du financement par emprunt. Les sociétés et les investisseurs canadiens ont également multiplié les transactions au pays et à l’étranger.
Un constat ressort : pendant que l’économie générale demeure incertaine, Bay Street ne reste pas les bras croisés.
Cette ferveur est alimentée par un vote de confiance envers les marchés financiers canadiens et l’économie du pays en général. Les fournisseurs de capitaux d’ici et d’ailleurs voient le Canada comme un navire solide qui s’en tire bien en eaux troubles. L’agilité du marché reflète une confiance renouvelée dans les principaux indicateurs économiques du Canada et la capacité d’adaptation des acteurs de Bay Street.
La résurgence des sociétés de capital-investissement a grandement contribué à cette activité. Les réserves mondiales en capital-investissement s’élèvent à 1 billion de dollars, prêts à être investis à tout moment. En 2025, les sociétés canadiennes de capital-investissement ont tiré parti de l’ajustement des évaluations, de baisses de taux d’intérêt et d’un déploiement de capitaux qui ont mené à des rachats et des sorties en hausse de 259 % et de 333 %, respectivement.
L’accès à diverses sources de financement a également joué un rôle important. En effet, la forte participation des banques canadiennes a été stimulée par la hausse du crédit privé. Par ailleurs, une généreuse aide publique et des initiatives de soutien ont aidé les entreprises canadiennes à se tourner vers les marchés internationaux.
Dans l’avenir, les marchés financiers canadiens pourraient être confrontés à une pression accrue découlant des turbulences de l’économie mondiale et d’un ralentissement national. Toutefois, si l’on se fie à sa récente performance, Bay Street saura se montrer à la hauteur de la situation en posant des gestes audacieux, en démontrant une vision stratégique et en se consacrant à la création de valeur.
Le crédit privé : une bouée de sauvetage pour les entreprises canadiennes
Dans le contexte incertain de la dernière année, le crédit privé s’est révélé être un système de soutien essentiel pour les propriétaires d’entreprise et les entrepreneurs du Canada. Les prêteurs privés ont continué de jouer un rôle majeur pour financer la croissance et composer avec la volatilité dans la première moitié de 2025, en se concentrant notamment sur :
- le financement garanti par des actifs (par exemple, prêt de matériel, créances clients, financement des stocks);
- l’immobilier commercial à plus haut risque;
- le financement de projets d’infrastructure et de longue durée;
- les prêts de détresse, y compris le financement des débiteurs-exploitants.
Selon les estimations, des actifs d’un montant approximatif de 5 à 6 billions de dollars pourraient être transférés aux prêteurs autres que des banques au cours de la prochaine décennie, ce qui transformerait le marché du prêt. On remarque une collaboration à la hausse entre les banques et les prêteurs privés. Les banques accordent de plus en plus de marges de crédit d’exploitation, tout en établissant des partenariats avec des fournisseurs de crédit privé pour le financement spécialisé, comme celui visant l’immobilier et l’achat de matériel.
À cette dynamique s’ajoute l’essor des bureaux de gestion de patrimoine canadiens en tant qu’investisseurs et prêteurs influents dans diverses catégories d’actifs. Après un ralentissement en 2021, l’investissement de ces bureaux connaît un rebond. À l’échelle mondiale, la valeur totale des transactions a augmenté de 14,8 % de 2023 à 2024. Pour le Canada, la hausse est de 16 %. Bien que l’immobilier ait contribué à bâtir de nombreuses fortunes, la tendance est désormais à la diversification, notamment dans l’investissement direct, les entreprises en démarrage et les fusions et acquisitions.
À mesure qu’ils gagnent en essor, les fournisseurs de crédit privé et les bureaux de gestion du patrimoine pourraient bien jouer un rôle encore plus grand dans l’évolution des marchés financiers canadiens. Ils continueront de combler des écarts de financement, de stimuler le flux de transactions et de redéfinir l’accès au capital de croissance pour les entreprises.
Les banques canadiennes font preuve d’audace et refaçonnent le marché
Au troisième trimestre de 2025, le secteur bancaire canadien a livré des résultats au-delà des attentes. Ceux-ci s’expliquent par une réduction des provisions pour pertes de crédit, une forte croissance des produits et de plus grandes marges en raison de taux d’emprunt plus élevés et d’une croissance soutenue des dépôts.
Au-delà des chiffres, on ne peut ignorer la consolidation sans précédent qui s’opère actuellement dans le secteur. Dans les deux dernières années, le secteur bancaire canadien a vu plus de fusions et acquisitions qu’au cours des deux dernières décennies.
- Mars 2024 : RBC fait l’acquisition de la totalité de Banque HSBC Canada dans une transaction entièrement au comptant évaluée à 13,5 milliards de dollars.
- Juin 2024 : La Banque Nationale convient d’acquérir la Banque canadienne de l’Ouest par voie d’un échange d’actions évalué à 5 milliards de dollars.
- Août 2024 : La Banque Scotia fait l’acquisition d’une participation de 14,9 % dans KeyCorp, une banque américaine, dans une transaction de 2,8 milliards de dollars visant à favoriser la collaboration entre les services de paiements, la gestion de patrimoine et les services bancaires d’investissement.
- 2025 : ATB Financial fait l’acquisition de Cormark Securities Inc., consolidant ses ressources en services bancaires d’investissement.
- Plus récemment : La rumeur court que RBC et BMO envisagent la vente de Moneris pour 2 milliards de dollars.
- Le secteur du crédit privé bouge aussi : Brookfield et Birch Hill ont joint leurs forces pour acquérir Financière First National dans une transaction entièrement au comptant de 2,9 milliards de dollars.
La tendance est claire : les banques tirent parti des fusions et acquisitions pour étendre leur présence régionale et percer à l’étranger. Les investissements de la Banque Scotia aux États-Unis marquent un virage vers des alliances stratégiques plutôt que des acquisitions intégrales.
Dans l’avenir, on s’attend à ce que le secteur financier canadien poursuive sa transformation ambitieuse, en misant sur la consolidation, une présence transfrontalière ainsi qu’un empressement à prendre de l’ampleur et à renforcer ses capacités dans un marché mondial toujours plus concurrentiel.
L’économie canadienne est plus résiliente que ce que laisse croire la baisse du PIB
En juin 2025, le PIB canadien a reculé pour un troisième mois consécutif, une première depuis la fin de 2022. Selon Statistique Canada, le PIB a chuté de 1,6 % d’une année à l’autre au deuxième trimestre de 2025. Cette baisse s’explique en grande partie par un ralentissement dans le secteur manufacturier et une réduction des dépenses en machinerie et en matériel.
Même si les chiffres peuvent sembler décourageants à première vue, on se rend compte en regardant de plus près que l’économie est plus résiliente que ne l’insinuent les manchettes. Le recul du PIB lors du deuxième trimestre de 2025 reflète en grande partie un retour à la normale après une hausse au premier trimestre, lorsque les entreprises faisaient des réserves de marchandises en prévision de nouveaux droits de douane. Cependant, la demande intérieure est demeurée forte malgré les pressions commerciales. Au deuxième trimestre de 2025, les dépenses de consommation ont augmenté de 4,5 %, tandis que l’investissement dans le secteur de l’habitation a augmenté de 6,3 % en raison d’un léger rebond dans la construction d’immeubles résidentiels et la mise en chantier de nouveaux domiciles. On peut en conclure que les Canadiens et Canadiennes continuent de dépenser, malgré un marché de l’emploi plus terne et l’incertitude économique qui plane. Les dépenses publiques ont également donné un second souffle à la demande intérieure.
En conclusion, les données du PIB indiquent une économie d’une part affaiblie par la guerre commerciale, mais d’autre part renforcée par une forte demande intérieure.
Relations États-Unis-Canada : les tensions commerciales se sont-elles apaisées?
La turbulence tarifaire continue de peser sur l’économie mondiale. Jusqu’à présent, le Canada a évité des représailles majeures, mais doit tout de même composer avec avenir empreint d’incertitude. La Banque du Canada a établi trois scénarios possibles :
- Statu quo (mesures tarifaires actuelles) : La croissance rebondit à 1 % d’ici la fin de 2025 et l’inflation retourne à 2 %
- Allègement des droits de douane : La croissance grimpe à 2 % et l’inflation chute sous 2 %
- Guerre commerciale : La croissance ralentit davantage et l’inflation dépasse le seuil de 2,5 % avant de baisser progressivement.
Les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis ont eu un effet inattendu : les provinces ont toutes reconnu le besoin d’améliorer le commerce interprovincial. Malgré d’importantes mesures adoptées pour atteindre cet objectif, le progrès n’a pas été constant.
Récemment, le projet de loi C-5 a été adopté dans l’intention d’éliminer les barrières fédérales à la circulation interprovinciale des biens, des services et de la main-d’œuvre. Toutefois, c’est aux provinces que revient le gros du travail.
Essentiellement, la patience est de mise, le temps de voir ce que l’avenir nous réserve. D’ici là, la diversification demeure la meilleure défense.
À quoi s’attendre pour les marchés financiers canadiens?
La Banque du Canada a abaissé son taux directeur de 2,50 % au cours de la dernière année en vue d’alléger les coûts d’emprunt et de favoriser l’activité économique. Toutefois, il faut regarder de l’autre côté de la frontière pour mieux comprendre ce qui nous attend au chapitre des taux d’intérêt canadiens et de l’économie dans son ensemble.
L’économie américaine demeure aux prises avec une inflation persistante. Bien que la Réserve fédérale soit restée ferme dans sa décision de ne pas réduire les taux au cours de la première moitié de l’année, elle a succombé à la pression grandissante des marchés et des voix politiques en septembre 2025, lorsqu’elle a abaissé son taux de financement à un jour de 25 points de base. La Réserve fédérale a fait mention de diminutions additionnelles à venir en 2025, en dépit du fait que l’inflation persiste et que les effets de l’incertitude tarifaire continuent d’évoluer.
En comparaison, l’inflation canadienne semble être mieux maîtrisée, même si les attentes demeurent rigides. Les marchés financiers canadiens ont démontré une activité transactionnelle solide, et le marché de l’emploi fait toujours preuve de résilience. De tels signaux laissent à penser que la conjoncture des taux d’intérêt est encore propice à la croissance. Toutefois, la croissance du PIB est en perte de vitesse et des signes précurseurs d’un ralentissement économique se pointent à l’horizon.
Même si l’économie américaine se montre robuste, la tendance pointe également vers un ralentissement de la croissance. Ensemble, ces facteurs portent à croire que la Banque du Canada optera pour la prudence dans les mois à venir.
Malgré la résilience des marchés financiers canadiens, l’avenir demeure incertain. Les transactions devraient se poursuivre, mais à un rythme plus modéré. Des capitaux circuleront encore, mais ils seront réservés aux investissements qui s’appuient sur des actifs solides. En général, l’avenir dépendra d’un marché qui récompense une vision stratégique claire plutôt qu’un excès d’ambition.
Grandes banques – Titres d’emprunt / BAIIA |
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<10 M$ | >20 M$ | >30 M$ | |
Juil. 2025 |
1,75x - 2,75x | 3,00x - 4,00x | 3,50x - 4,00x |
Août 2025 | 1,75x - 2,75x |
3,00x - 4,00x |
3,50x - 4,00x |
Sept. 2025 | 1,75x - 2,75x |
3,00x - 4,00x |
3,50x - 4,00x |
Sources : Projections de MNPFE
Grandes banques – Coût des titres d’emprunt |
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<10 M$ | >20 M$ | >30 M$ | |
Juil. 2025 |
P+1,0 % - 2,0 % | P+1,0 % - 2,0 % | P+1,0 % - 2,0 % |
Août 2025 | P+1,0 % - 2,0 % |
P+1,0 % - 2,0 % |
P+1,0 % - 2,0 % |
Sept. 2025 | P+0,5 % - 2,0 % |
P+0,5 % - 1,5 % |
P+0,5 % - 1,5 % |
Sources : Projections de MNPFE
Prêteurs non traditionnels – Total des titres d’emprunt / BAIIA |
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<10 M$ | >20 M$ | >30 M$ | |
Juil. 2025 |
3,00x - 4,00x | 4,00x - 4,50x | 4,50x - 5,50x |
Août 2025 | 3,00x - 4,00x |
4,00x - 4,50x |
4,50x - 5,50x |
Sept. 2025 | 3,00x - 4,00x |
4,00x - 4,50x |
4,50x - 5,50x |
Sources : Projections de MNPFE
Prêteurs non traditionnels – Coût |
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<10 M$ | >20 M$ | >30 M$ | |
Juil. 2025 |
11 % - 15 % | 10 % - 15 % | 10 % - 13 % |
Août 2025 | 11 % - 15 % |
10 % - 15 % |
10 % - 13 % |
Sept. 2025 | 11 % - 15 % |
10 % - 15 % |
10 % - 13 % |
Sources : Projections de MNPFE
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Pour en savoir plus sur la situation actuelle, les grandes tendances et les perspectives stratégiques des marchés financiers canadiens, communiquez avec Shilpa Mishra, CPA, MBA, directrice générale, MNP Financement d’entreprises.